Moi, Stéphanie (aka Elaura),
administratrice du blog Bit-lit.com,
rédactrice,
maman, sorcière, metalhead, Janeite, chieuse à plein-temps. Aime le thé et les kilts.
Ma vie, mon œuvre, mes bafouilles.






lundi 25 février 2013

The Hollow Crown






Mini-série diffusée cet été sur la BBC, The Hollow Crown est une excellente adaptation des pièces historiques de Shakespeare : Richard II, Henry IV part 1, Henry IV part 2 et Henry V.

Encore du Shakespeare me direz-vous ? Eh bien oui, la BBC, dans sa grande bonté, a décidé de mettre en scène cette tétralogie pour les Olympiades culturelles de Londres 2012, et on ne va pas lui en vouloir.

En partie produite par Sam Mendes et réalisée par Richard Eyre , Rupert Goold et Thea Sharrock, cette mini-série est portée par un magnifique casting à faire pâlir tous les ennemis de cette bonne vieille Angleterre et met en joie les amateurs d'acteurs britanniques : Ben Whishaw, Jeremy Irons, Tom Hiddleston, Simon Russell Beale , Julie Walters , Michelle Dockery , David Suchet, Rory Kinnear, Joe Armstrong... Faut-il que je continue ou vous avez déjà commencé à vous évanouir ?

Cette horde de comédiens, tous plus talentueux les uns que les autres, redonne un second souffle à ses quatre pièces vieilles de 400 ans et nous poussent fiévreusement à nous replonger dans les écrits de Shakespeare, étrangement intemporels dans leurs manières d'exposer les sentiments humains. Oscillant entre l'humour, la tragédie et l'émotion, Shakespeare dépeint les maux de cette époque phare de l’histoire de l'Angleterre, un conflit fratricide marquant le début de la Guerre des Deux-Roses et l'apogée de la Guerre de 100 ans.

Mais je ne suis pas là pour vous donner un cours d'histoire, alors laissons place aux acteurs, véritables héritiers des œuvres de Shakespeare et à la poésie de ses mots. Que le rideau se lève...



Richard II



Synopsis :

Insensé, vain, bête, le jeune Richard amorce sa chute en bannissant Henry Bolingbroke et le comte de Mowbray pour régler leur querelle et confisque ensuite les terres de son oncle, Jean de Gand, le père de Bolingbroke, pour financer la guerre en Irlande qu'il perdra. Ceci enrage nombre de courtisans dont le Duc d'York, qui accueille Bolingbroke à son retour en Angleterre. Celui-ci éliminera la cour de Richard, et le roi lui-même sera rapidement conduit en prison où il sera assassiné. Bolingbroke, se faisant désormais appeler Henry IV, s'engage alors dans un pèlerinage pour expier de sa participation au régicide.

Drapé dans sa magnificence divine, Richard II est un jeune roi très mal entouré qui, même s'il est très investi par son rôle, nous apparaît comme un roi frivole dont les mauvaises décisions vont chambouler le cours de l'histoire. Son mode de vie ainsi que ses actes sont mal perçus et ses courtisans jusque-là fidèles finissent par se retourner contre lui. Le retour d'exil de son cousin signera sa perte, car Bolingbroke dans son souci de justice finira par le déposer. Ce « coup d'état » signera le début de la Guerre des Deux-Roses, qui opposera pendant plus de 80 ans la maison royale de Lancastre et la maison royale d'York.

Richard fut emprisonné et mourut assassiné en 1399. Ce régicide hantera longtemps Bolingbroke qui, une fois couronné, prendra le nom d'Henry IV.

Comment résumer en quelques mots ce magnifique épisode de 2h20 qui relate la chute d'un roi et l'ascension discutable d'un autre. Ben Whishaw campe un Richard II magistrale dans sa déchéance, adoptant souvent une figure quasi christique. Frêle souverain qui ne voit que trop tard les conséquences de ses actes, affaibli par un conflit avec l'Irlande qu'il a finalement perdue, Richard nous touche, nous émeut et l'interprétation renversante de l'acteur nous pousse à l'empathie.

Une des scènes les plus marquantes est certainement celle où Richard s'avoue vaincu et abdique en faveur de son cousin. Triste sort pour ce prince déchu. Sa tirade est bouleversante.





Henry IV part 1


Synopsis :
1403 : Henry IV se retrouve confronté aux révoltes du chef gallois Owen Glendower et de l'impétueux Harry Hotspur, fils du duc de Northumberland, mécontents que le roi n'ait pas payé la rançon de Glendower en échange de son beau-frère, Mortimer. Henry doit aussi s'inquiéter du fait que son fils, le prince Hal, traîne avec Sir John Falstaff, un vieux loustic alcoolique. Même si le prince est son ami, il est tout à fait capable de lui jouer des plaisanteries cruelles, de le dérober subrepticement et de lui rendre son argent une fois que Falstaff lui aura fait un compte-rendu exagéré de la bravoure de son hold-up. Cependant Hal se joint à son père dans la bataille glaciale de Shrewsbury pour écraser la révolte d'Hotspur et tue Hotspur dans un combat d'homme à homme -Falstaff racontera plus tard qu'il s'agit de son œuvre. C'est la défaite pour Hotspur, mais Henry et Hal doivent encore affronter les révoltes de Glendower et Northumberland, maintenant soutenues par l'archevêque d'York.

Ce second volet fait la part belle à Jeremy Irons qui campe un Henry IV impressionnant, partagé entre le poids de sa conscience, et les trahisons internes qui mettent à mal ses projets de croisades. En effet, à l’aube de la bataille de Shrewsbury, le roi doit faire face à un soulèvement de la part des Percy qui l’avaient appuyé dans sa guerre victorieuse contre Richard II. De nombreux seigneurs avaient aidé Henry à accéder au trône et les promesses faites alors n’ont pas été tenues. Mu par une haine farouche et un fort sentiment d’injustice, le jeune Henry Percy dit Hotspur, fils du comte de Northumberland prend la tête d’une armée rebelle.

Mais le roi doit également faire face aux frasques de son fils aîné  héritier du trône, le Prince Hal. Celui-ci que les responsabilités font fuir, préfère la compagnie de ses amis plutôt que de la cour. Mais la révolte ainsi que la santé de son père lui font prendre conscience du rôle qu’il doit tenir et conduira l’armée d’Henry à la victoire le 21 juillet 1403 à Shrewsbury où il tuera Hotspur.

Les trois monstres que sont Jeremy Irons, Tom Hiddleston (Prince Hal) et Simon Russell Beal (Falstaff) font de cet épisode une véritable claque, oscillant entre humour et drame. Les passages dans la taverne de l'Eastcheap sont hilarants et le couple Hiddleston / Russell Beal fait merveille. Et bien que la dérision soit constamment présente, l’émotion n’en est pas absente pour autant, la scène où Hal imite son père est poignante et rend le texte encore plus crédible, lui conférant une aura touchante et intime.



L’affrontement du Prince et du Roi est également un grand moment où la violence des émotions d’Henry affleure et laisse place à un échange d’une grande intensité. La douleur se mêle à la colère et à l’incompréhension. Les deux acteurs se font face avec brio et font honneur à cette tirade pleine d’émotion, où le jeune Henry prend enfin conscience de ses responsabilités.


Mais cet épisode révèle un autre grand talent, Joe Armstrong est impressionnant en Hotspur déchaîné par la colère et la force guerrière. Pour un acteur qui n’avait jamais joué Shakespeare, il prend possession du texte avec maestria, crevant l’écran par son aura puissante jusqu’à la toute fin, quand il fait face à Tom Hiddleston.




Henry IV part 2 

Synopsis :

Alors que Northumberland jure de venger la mort de son fils et rassemble ses alliés pour se battre contre le roi mal en point, le Lord Chief Justice, après avoir réprimandé Falstaff pour sa mauvaise influence sur Hal, le charge de recruter une armée au nom d'Henry. Après s'être bagarré avec le truculent Pistol, Falstaff se prépare à quitter son amante, Doll Tearsheet, et se permet de critiquer Hal devant elle sans savoir que le prince tend l'oreille à ce moment. Falstaff réunit une équipe hétéroclite à Justice Shallow mais Westmorland, le cousin d'Henry, arrête le chef des rebelles après les avoir manipulés pour obtenir une trêve. Hal, présumant son père mort, met la couronne. Il est réprimandé par le roi mourant mais ils se réconcilient et dans un dernier geste, Henry place la couronne sur la tête de son fil. Hal accède au trône sous le nom d'Henry V, mais désormais il sait qu'il doit mettre de côté les frivolités, et bannir Falstaff est le premier acte de son règne.

Cet épisode vaut surtout pour le changement en profondeur du Prince Hal qui, témoin des crises de plus en plus fréquentes de son père, comprend qu’il montera bientôt sur le trône. La longue scène du trône où le Prince s’assoit sur celui-ci couronné, écrasé par le poids de ce que cela représente est juste, sans fioriture. Et quand son père déboule dans la salle, ulcéré par le comportement de son fils, on comprend toute la douleur de ce moment. Un passage initiatique fort où un père transmet un héritage acquis dans le sang. Le Prince Hal sera finalement couronné le 20 mars 1413.



Le premier acte du roi henry V sera de mettre de la distance entre son passé et lui, il reniera Falstaff et tout ceux qui ont partagé ses moments de frivolité, non pas par snobisme, mais pour protéger sa couronne, asseoir son autorité et éviter tout conflit interne. La scène du couronnement où le roi répudie son vieil ami est assez violente, et démontre parfaitement la transformation du Prince.






Henry V




Synopsis :
Hal est désormais un monarque responsable. Son rejet de Falstaff aura précipité la mort de ce dernier. Informé par ses courtisans que, par le biais d'Edward III, il a des droits sur le trône de France, il fait des offres au Dauphin mais reçoit un humiliant cadeau : des balles de tennis. Il prépare alors une expédition pour traverser la Manche et prendre le trône par la force et assiège la ville de Harfleur lors d'un raid nocturne surprise. S'ensuit un discours inspiré. Il se montre clément avec les habitants mais autorisera la pendaison du soldat Bardolph pour pillage. Quand une nouvelle trêve est rejetée par les Français, Henry se prépare à livrer la bataille rangée d'Agincourt, parcourant le camp la veille pour jauger l'opinion que les soldats ont de lui. La bataille est remportée avec peu de pertes du côté anglais et le roi Français, dont la fille épouse Henry, fait de lui son successeur. Cependant, Henry meurt de la dysenterie à l'âge de 35 ans et son fils, Henry VI, perdra la France.


Voici l’épisode qui met en scène le magnifique épilogue de la tétralogie de Shakespeare. Un très grand moment de télévision pour cette pièce unique qui a donné naissance à la plus belle tirade jamais écrite pour un soldat, pour un roi (Bon ok, j’avoue, je manque certainement d’objectivité).

Le Roi henry V, après avoir essayé de panser les différends du passé, peut enfin s’intéresser aux affaires étrangères et lorgne du côté d’une France qui s’enlise dans les soucis politiques. Henry revendique ses droits au trône de France et remporte la grande bataille d’Azincourt le 25 octobre 1415. S’en suivra son mariage avec Catherine de Valois, fille du roi Charles VI le Fol (qui, après la mort d’Henry, ira batifoler avec un Tudor, futur grand-père du roi Henri VII).

Henry V mourut jeune, le 31 aout 1422, et restera l’un des plus grands monarques que l’Angleterre ait connu.

Les amoureux de batailles et de discours héroïques ne seront pas en reste avec cet épisode porté par un Tom Hiddleston totalement inspiré. La fameuse tirade de la Saint-Crépin, tout juste chuchoté « à une poignée de frères » n’en devient que plus émouvante, plus intimiste et, pour le coup, beaucoup plus réaliste. La scène de la cour faite à Catherine est très touchante et a du faire fondre un troupeau de nonnes ou du moins, une bonne poignée de fans.



Au final, une mini-série plus que réussie, fidèle à l’œuvre originelle dont la mise en scène dynamique lui confère une grande modernité. La pléiade d’acteurs fait force et magnifie les textes de Shakespeare, bref, même la langue pour la non-anglophone que je suis est en accord parfait.

Une série qui fera date, tant par la qualité de son interprétation que par son audace, car c’était un pari risqué que de réaliser des épisodes de plus de deux heures sur des pièces historiques Shakespeariennes. Chapeau bas…

dimanche 24 février 2013

Billet du dimanche : I'm back !



Comme vous le savez déjà, mon ancien PC m'a lâchement abandonné début janvier. S'en est suivi deux longs mois de disette informatique et, surtout, une coupure internet forcée, subie et extrêmement frustrante.



Mais comme nous sommes dotés d'un instinct de survie remarquable, force est de reconnaître que je suis toujours vivante, même si l'envie de sortir une corde s'est souvent fait sentir. Cependant, j'avoue que j'en ai profité pour faire pas mal de choses : lire beaucoup, écrire des chroniques parfois, regarder des séries et des films que je devais voir ou revoir depuis longtemps, mais surtout, et c'est le plus important, j'étais beaucoup plus disponible pour ma famille.

Internet, mon forum, mon blog, mon site et ma page facebook font partie de mon quotidien depuis si longtemps, que j'avais oublié à quel point s'occuper d'eux régulièrement est chronophage. Certes, ils m'ont manqué, vous m'avez beaucoup manqué, mais ces moments de disponibilité totale que j'ai passé en compagnie de ma fille valent toutes les connexions du monde.



Maintenant que je suis de retour, je n'ai pas l'intention d'oublier que je passe aussi de très bons moments loin de mon PC. Je crois qu'un bon dosage, un juste milieu est nécessaire pour que le tout reste un plaisir et non une addiction qui vous rend esclave et vous prive de tout bon sens.



Je reviens donc heureuse, apaisée, zen et surtout dotée d'une énergie nouvelle qui, je l'espère, sera visible. J'ai une envie folle de partager tout un tas de choses avec vous, mais également de me libérer des contraintes que ma vie virtuelle m'impose : lire ce que j'ai envie et quand j'en ai envie, pousser mes coups de gueule quand j'en ressens le besoin, vous dire combien j'aime les acteurs britanniques de mille et une manières, communier avec les dieux Asgardiens (enfin, surtout un) !


 et boire des litres de thé. En fait, je crois que je n'ai pas changé, est-ce qu'au moins je vous ai manqué ?





samedi 23 février 2013

La Chasse [The Hunt]



Synopsis

Après un divorce difficile, Lucas, quarante ans, a trouvé une nouvelle petite amie, un nouveau travail et il s'applique à reconstruire sa relation avec Marcus, son fils adolescent. Mais quelque chose tourne mal. Presque rien. Une remarque en passant. Un mensonge fortuit. Et alors que la neige commence à tomber et que les lumières de Noël s'illuminent, le mensonge se répand comme un virus invisible. La stupeur et la méfiance se propagent et la petite communauté plonge dans l'hystérie collective, obligeant Lucas à se battre pour sauver sa vie et sa dignité.

Mon avis :

Voici un film qui a provoqué un mini scandale lors de sa diffusion à Cannes cette année. À vrai dire, je me demande encore pourquoi, tant le sujet, même s'il est excessivement délicat, est légitimé ici en France par une affaire des plus sordides.


Ce long-métrage peut déranger, choquer, il n'en reste pas moins qu'il relate une certaine réalité. Thomas Vinterberg n'ayant jamais fait dans le cinéma de complaisance, filme cette histoire avec sobriété, se focalisant principalement sur la manière dont Lucas vit l'accusation dont il fait l'objet et surtout sur la crédulité de la communauté qui l'entoure. La descente aux enfers de Lucas fait vomir, interpelle, terrifie même puisque nous, spectateur, savons tout de son innocence.


La fin nous prouve que rien n'est tout à fait réglé, que la suspicion subsiste malgré les preuves, malgré le mensonge et le titre du film prend tout son sens.
Mads Mikkelsen, Prix d’interprétation à Cannes, joue avec justesse, émotion, sans tomber dans le pathos et porte le film de manière magistrale.
Sous une apparente simplicité, le cinéaste nous offre un film fort, complexe, dévoilant les côtés les plus sombres de la nature humaine. Un grand moment de cinéma.



Fiche Technique

La Chasse (The Hunt)
Film dannois de Thomas Vinterberg
Avec :
Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen,
Annika Wedderkopp
Genre : Drame
Durée : 1h51mn