Moi, Stéphanie (aka Elaura),
administratrice du blog Bit-lit.com,
rédactrice,
maman, sorcière, metalhead, Janeite, chieuse à plein-temps. Aime le thé et les kilts.
Ma vie, mon œuvre, mes bafouilles.






jeudi 28 novembre 2019

Yule: Rituels, recettes et traditions du Solstice d'hiver



Yule: Rituels, recettes et traditions du Solstice d'hiver
de Susan Pesznecker

Editions Danaé

Sortie le 23 novembre 2017
Format broché / 180 pages / Prix 12,00 €



Présentation de l'éditeur :

Le solstice d'hiver est une étape célébrée dans la tradition paienne depuis des millénaires. Appelée Yule, ou encore Jol, c'est le moment où la nuit est la plus longue et où il est nécessaire de réunir les forces sacrée et magiques pour passer le cap de l'année. C'est aussi le moment de la célébration des enfants et de la famille : allumer des bougies, préparer des repas de partages. Ce guide vous montre comment pratiquer les rituels et les opérations magiques chargés des énergies de renaissance et de renouveau que véhicule le retour de la lumière.

La collection «Célébrations Païennes» explore les anciennes et les nouvelles façons de célébrer les rites saisonniers qui constituent les pierres angulaires de l’année des sorcières. Découvrez les cycles ancestraux qui rythment naturellement nos vies, apprenez à les respecter et à les entretenir à votre avantage.

Mon avis :

La collection Célébrations païennes des éditions Danaé (groupe Alliance Magique) regroupe différents petits ouvrages mettant en lumière les sabbats de la roue de l'année. Le solstice d'hiver approchant à grands pas, j'avais envie de vous présenter celui qui lui est consacré : Yule.

En 180 pages, l'auteure, Susan Pesznecker, nous présente les anciennes pratiques qui permettaient à nos ancêtres de célébrer le solstice d'hiver avant la christianisation, mais également après, et met particulièrement bien en exergue la manière dont les chrétiens se sont réappropriés les traditions bien établies de leurs aïeux (l'autel aux divinités, le pin (ou sapin) dans le foyer, la bûche de Yule, les illuminations, etc.). Mais pour les néo païens que nous sommes, elle expose également les nouvelles pratiques et manières de célébrer Yule à notre époque en proposant des rituels, des sorts, des recettes pour fêter ce sabbat dignement, mais également des prières et invocations.

Comme d'habitude, cette collection étant une petite pépite de simplicité et d'authenticité, l'ouvrage sur Yule ne fait pas exception et il vous permettra de célébrer le solstice d'hiver en douceur et en conscience, assurément.



12 concepts pour mieux vivre votre spiritualité



12 concepts pour mieux vivre votre spiritualité
de Francesco Mandato

Améthyste éditions (anc JATB)

Sortie le 23 mai 2019
Format broché / 300 pages / Prix 18,00 €



Présentation de l'éditeur :

Découvrez 12 piliers de vie, pour agir sur votre corps, votre âme et votre part divine. Vivez les bienfaits du changement dans votre spiritualité, avec un langage simple, des exercices concrets, et éclairez votre conscience dans un nouveau chemin personnel.
Un livre pour toute personne cherchant une nouvelle destination intérieure, souhaitant fonder son identité spirituelle, mais aussi pour guider ceux qui sont perdus sur la voie du changement intérieur.

Mon avis :

Voilà un petit ouvrage qui paraît d'une grande simplicité comme ça, au premier coup d’œil, et pourtant... L'auteur nous propose un voyage intérieur pour nous aider à dépasser nos peurs face aux changements, celui de notre conscience. Car l'éveil spirituel n'est jamais aisé avec plein de licornes à paillettes, non. Il n'est pas linéaire non plus. Il part dans tous les sens, les retours en arrière sont nombreux, il est parfois obscur et douloureux. Je suis personnellement assez fatiguée par les ouvrages trop rose bonbon qui nous proposent des changements radicaux avec des sourires parfaits, comme si la chose était facile. C'est faux. C'est un leurre, ne vous y trompez pas, et ce que j'apprécie dans cet ouvrage, c'est que l'auteur ne nous épargne pas. Chaque petit chapitre nous donne de bons coups de pied aux fesses pour avancer et nous égratigne un peu au passage, vous savez l’ego, tout ça. Mais si les mots utilisés par l'auteur et son style très simple et direct nous poussent à la réflexion en nous cabossant un peu ce n'est pas par plaisir, ce livre est plein de bienveillance, il fait avancer et ça fait du bien.

Que vous soyez au tout début du chemin, que vous envisagiez de le prendre ou que vous arriviez enfin à voir la jolie clairière au fond, toute illuminée par le soleil, ce livre vous apportera, peut-être, le petit plus qui vous permettra de vous installer enfin pour profiter de sa douce chaleur.



Ayurveda pratique



Ayurvéda pratique
de Centre Sivananda Yoga Vedanta

Éditions Le Courrier du Livre

Sortie le 15 mai 2019
Format broché / 224 pages / Prix 24,90 €



Présentation de l'éditeur :

La sagesse de l'Inde ancienne à la portée de tous en matière de santé, de longévité et de bien-être. Découvrez votre constitution personnelle (vos doshas), identifiez les aliments et les recettes qui vous conviennent, équilibrez votre quotidien avec des massages et des remèdes maison et expérimentez le pouvoir du yoga et de la méditation. Regain d'énergie, sommeil réparateur, apaisement du stress... et tant d'autres bénéfices encore. L'expertise éclairée des auteurs ― enseignants reconnus du célèbre Centre Sivananda Yoga Vedanta ― donne à cet ouvrage son caractère unique, à la fois lumineux et concret.

Mon avis :

Voici un ouvrage qui nous permet de découvrir l'ayurveda avec douceur. Les auteurs nous proposent une introduction simple et claire à ce mode de vie particulier et différents chapitres sur ce qui le compose comme connaître son dosha, les principes de base de l'alimentation en accord avec cette pratique de l'Inde ancienne, la méditation, le yoga, la médecine ayurvédique et quelques recettes accessibles et savoureuses. 
L'ouvrage est très coloré, très bien mis en page avec schémas et illustrations, ce qui le rend très attrayant. Une bonne introduction donc, pour qui s'intéresse aux pratiques indiennes et, surtout, un livre facile à utiliser pour les non-initiés.



lundi 25 novembre 2019

La Reine Rouge - L'intégrale



La Reine Rouge - L'intégrale
de Mark Lawrence

Éditions Bragelonne

Sortie le 14 novembre 2018
Format broché / 1199 pages / 25 €


Présentation de l'éditeur :

La Reine Rouge est crainte dans tout l’Empire Brisé. Lâche, tricheur et séducteur invétéré, son petit-fils, le prince Jalan ne figure qu’en dixième position dans la ligne de succession. Tandis que la souveraine façonne la destinée de millions de sujets, Jalan, lui, s’adonne à ses plaisirs coupables. Jusqu’au jour où il croise le chemin de Snorri, un colosse armé d’une hache décidé à venger sa famille. Le voilà entraîné vers le Nord glacé, dans un voyage mortel où il découvrira à ses risques et périls le véritable secret de la Reine Rouge...

« Mark Lawrence est la meilleure chose qui soit arrivée à la Fantasy de ces dernières années. » - Peter V. Brett
« Pour les fans de la saga de L’Empire Brisé et les lecteurs appréciant une saga de Fantasy épique, à la G.R.R. Martin : incontournable. » - Booklist
« Une formidable lecture, cocktail d’humour, de vengeance et de danger. » - The Washington Post


Mon avis :

Voici une magnifique intégrale qui regroupe la dernière trilogie de Mark Lawrence, La Reine Rouge (Le prince des fous, La clé du menteur et La roue d'Osheim). Après une première trilogie très remarquée, l'Empire Brisé, l'auteur nous revient avec une nouvelle histoire teintée de fantastique, de fantasy et de SF. Le mélange des genres est plutôt appréciable et novateur, d'autant plus quand il est manié avec brio. La Reine Rouge met en scène deux fabuleux héros, aussi différents qu'incongrus, et les lance dans une quête qui ne manquera pas de piment.

À ma droite, Jalan, fils d'un héritier de la Reine Rouge mais classé assez loin dans la hiérarchie de succession, ce qui lui permet de bénéficier de tous les avantages de sa position sans les inconvénients : aucune responsabilité, des plaisirs à foison et une tendance à l’égocentrisme exacerbé.
À ma gauche, Snorri ver Snagason, un vrai héros, un viking à la bravoure et à la loyauté sans faille, au passif très douloureux, ce qui lui confère force et courage.
Tout les oppose, et pourtant, aussi improbable que cette alliance puisse paraître, ils devront tout deux faire front face à un ennemi commun.
Nous les verrons évoluer au fil des tomes, l'un avec patience, l'autre avec plus de difficultés, mais ce qui est appréciable, c'est que nous n'assisterons pas à un retournement de situation à coup de baguette magique. Jalan est un prince un peu couard et le restera, même si, par moment, on surprendra un sursaut d’héroïsme ici et là.

Si le premier tome prend son temps pour poser les jalons de l'histoire et les éléments qui composent cet univers particulier, l'intrigue s'accélère avec un rythme soutenu et beaucoup d'actions dans les deux tomes suivants, jusqu'à un épilogue en apothéose. Le style de l'auteur, qui allie humour, légèreté et batailles sanguinaires avec maîtrise, fait de cette trilogie une véritable réussite. En bref, un très bon moment de lecture qui ravira les inconditionnels de fantasy, mais pas seulement. À mettre sous le sapin, assurément !


lundi 18 novembre 2019

Sagesse du Japon



Sagesses du japon : Ikigai, kaizen, wabi sabi...
Ici commence le chemin du bonheur
de Mari Fujimoto

Éditions CONTRE DIRES

Sortie le 8 octobre 2019
Format broché / 112 pages / Prix 14,90 €



Présentation de l'éditeur :

Une invitation à vivre selon la sagesse japonaise De wa, l expression de l harmonie universelle, à hotoke, l hommage aux défunts, en passant par ikigai, notre raison d être, ou kaizen, la quête d une amélioration perpétuelle, les mots japonais révèlent un entrelacement intime de langage et de philosophie. Compilant plus de quarante mots soigneusement choisis, Sagesses du Japon est une initiation poétique aux valeurs et aux croyances japonaises. Comprenant des réflexions philosophiques sur la beauté, la nature, la gratitude, le temps... illustrées par la force évocatrice des haïkus du grand poète Matsuo Bash , ce livre vous invite à explorer et à expérimenter une approche plus simple et plus consciente de la vie, par le respect du moment présent, la recherche du sens au-delà du matérialisme et la quête de votre véritable raison d être. Ici commence le chemin du bonheur...

Mon avis :

Les éditions Contre-Dires nous offrent ici un petit livre d'une grande douceur avec de magnifiques photographies de Michael Kenna, toutes plus inspirantes les unes que les autres. L'auteure, Mari Fujimoto, dirige le département d'études japonaises du Queens College de New York et enseigne la linguistique japonaise. Aussi, elle a eu à cœur de partager avec le grand public la signification de ces mots complexes mais riches de sens. Nous entendons souvent parler de l'ikigai, mais quel en est réellement le sens ? De kaizen ou de hotoke ? Mêlant poésie et philosophie, l'auteure nous invite à comprendre et entendre la culture japonaise sous une autre forme, celle de ses mots.

Ce livre invite donc à la rencontre d'une autre culture et vous poussera probablement à vouloir en savoir plus et là est le seul petit bémol que je pourrais mettre , il manque une bibliographie.



L'oracle du coeur innocent



L'oracle du cœur innocent
de Sharon McLeod

Éditions Véga

Sortie le 16 juillet 2019
Format coffret produits / . pages / Prix 26,00 €



Présentation de l'éditeur :

L'Orale du Cœur innocent parle de choses simples ; ces choses auxquelles un enfant pense et sur lesquelles il s'interroge pendant des heures mais qu'un adulte effleure avant de les écarter parce qu'il les juge inutiles ou futiles. Cet oracle demande à l'esprit adulte de voyager en lui-même afin de redécouvrir les conseils et le réconfort de l'enfant qui vit encore en nous. Il réclame à l'esprit adulte qui est sans cesse actif de s'apaiser, d'apprécier le silence, de retrouver la bienveillance et la sérénité de l'enfance. Il lui demande d'être tendre, de se souvenir, de rêver et de se laisser à nouveau bercer par les histoires qui stimulent le réveil de l'esprit, incite à oser, s'émerveiller, vivre des aventures, voler au secours des princesses dans les tours et partir à la recherche de trésors enfouis dans des cavernes infestées de dragons. Il ranime la créativité, l'esprit curieux et nourrit le cœur généreux ; tous ces comportements normaux de l'enfance que l'adulte a oubliés. En résumé, cet oracle est destiné à tous ceux qui recherchent la Magie et la beauté, la permission de guérir et la volonté de grandir ; non pas grandir dans le sens d'avancer mais de revenir en arrière - dans le Pays de toutes les Possibilités. Cet oracle vous ramène vers les années de l'innocence perdue pour revendiquer une grâce qui, un jour, guida votre coeur avec amour et inspira votre âme.

Mon avis :

Voilà un oracle dont j'attendais la traduction depuis fort longtemps et je remercie grandement les éditions Guy Trédaniel d'avoir eu la bonne idée de s'en occuper. Quel bonheur que de l'avoir enfin entre les mains ! Cet oracle n'est pas un oracle ordinaire. Il ne détient pas de messages puissants des Maîtres Ascensionnés, des anges ou des déesses et des dieux. Il ne vous dira pas non plus le chemin que vous devez emprunter. Il parlera directement à celui ou celle que vous étiez, il n'y a pas si longtemps, mais que vous avez probablement oublié. Vous savez, cette petite fille ou ce petit garçon qui grimpait aux arbres, qui rêvait de rencontrer des trolls dans des cavernes, de combattre des dragons. Celui ou celle qui fabriquait des potions pour guérir son doudou et qui parlait aux fées. 




C'est à lui que cet oracle s'adresse, ce petit être simple, heureux, mais pas toujours, et qui voyait les choses avec bien plus de discernement que l'adulte que vous êtes devenu. L'auteur s'adresse à ce que nous étions avant et nous invite à redevenir cet enfant pour voir les choses plus clairement.

Les illustrations de Sharon McLeod sont une véritable merveille de poésie enfantine, aux couleurs douces et chatoyantes ; elles subliment chacune des petites histoires que contiennent les 45 cartes.
En bref, cet oracle est un petit bijou, un véritable coup de cœur visuel et affectif dont l'essence même se retrouve dans cette citation du Petit Prince de Saint-Exupéry utilisée par l'auteur :
« Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules et c'est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications. »



jeudi 14 novembre 2019

Maladies féminines, endométriose et regard de l'autre : quand ton utérus devient ton pire ennemi.








Il m'en aura fallu du temps avant d'écrire cet article. Plusieurs mois avant de me décider à enfin prendre le clavier pour te parler d'un sujet fort intime. Celui de ma douleur physique, psychologique et sociale, de mon impuissance face à cette maladie qui touche une femme sur dix en France.

Comme tu le sais si tu me suis sur mes réseaux sociaux, j'ai subi une hystérectomie en février dernier, et ça m'a enfin libérée de l'enfer qu'était devenu mon quotidien.

Mais avant de rentrer dans mon intimité, on va parler brièvement de cette grosse mierdas qu'est l'endométriose :

« L'endométriose est une maladie caractérisée par la présence anormale de tissu utérin (ou tissu endométrial) en dehors de la cavité utérine. Cette anomalie engendre des lésions composées de cellules qui possèdent les mêmes caractéristiques que celles de la muqueuse utérine (l'endomètre) et se comportent comme elles sous l'influence des hormones ovariennes. Il s’agit d’une maladie gynécologique fréquente, retrouvée chez 10 % des femmes. Cette proportion monte à près de 40 % parmi les femmes qui souffrent de douleurs pelviennes chroniques, en particulier au moment des règles.

Il n'existe pas de technique de dépistage de la maladie en population générale, ni pour les femmes à risque. Seules les patientes présentant des symptômes nécessiteront un examen clinique et des examens d’imagerie pour établir un diagnostic. »

Voilà une définition claire et précise donnée par l'Inserm, tu peux en savoir plus en cliquant sur le lien suivant https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/endometriose

Dans les faits, soyons honnêtes, c'est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Déjà, le diagnostic de l'endométriose est très difficile à faire sans une intervention invasive et prend, généralement, plusieurs années. Mais la raison n'est pas que médicale ni technique, les normes sociales en sont, bien souvent, les principaux facteurs.

Pendant des années, parler de ses règles était assez mal venu. Les règles ont toujours été perçues comme sales et honteuses. On se cache souvent, on a constamment peur de la fameuse tache de sang sur le pantalon, pas par crainte du liquide rouge en question, mais plutôt des moqueries et des remarques débiles que les autres peuvent sortir à ce moment-là. C'est vrai qu'en plus de la gêne occasionnée et probablement de la douleur, sortir une connerie plus grosse que soi du genre « Putain t'as tes ragnoutes, tu t'es tachée, t'as pas honte ? » est d'une intelligence rare.

Dans toutes les religions du Livre, la femme est perçue comme impure pendant ses menstruations et, par conséquent, ces pensées judéo-chrétiennes ont fortement conditionné notre manière de percevoir les règles, jusqu'à en avoir peur, honte et à se juger inapte à faire quoi que ce soit une fois par mois.

Or, comment parler de ses problèmes de règles quand, déjà, elles sont perçues comme sales ?

Autre norme sociale bien établie et ancrée dans nos crânes : nous sommes chiantes pendant nos règles. Et puis c'est tout à fait normal d'avoir mal pendant ses règles, de perdre beaucoup de sang. Puis on en fait trop quand on se plaint voyons : «Ouais l'autre, elle a ses règles, elle nous fait chier.» Encore une fois, comment parler de nos douleurs et de notre flux quand, de toute manière, nous ne serons pas entendues ? (Voici quelques références de bouquins si tu veux en connaître davantage sur les règles et comment elles sont perçues dans la société : Sang Tabou de Camille Emmanuelle, Ceci est mon sang d’Elise Thiebaut, Les joies d'en bas de Nina Brochmann et Ellen Stokken Dahl.)

Beaucoup de femmes taisent leurs douleurs, leurs angoisses et leur impuissance par peur d'être jugées. Et là est le gros problème des maladies féminines : elles ont été, pendant trop longtemps, étouffées, ignorées et reléguées dans la case hystérie (merci Freud). Les choses ont-elles vraiment changé ? Pas vraiment. Il suffit de voir le tollé généré par la pub Narta et ses petits cupcakes en forme de vulve. Et surtout, je me suis aperçue, pendant mes années de maladie, que peu de gens étaient disposés à nous écouter.

Je tiens à préciser que je ne vais parler que de ce que j'ai vécu et qu'en aucun cas je ne me permettrais de parler au nom des autres femmes atteintes par cette maladie. Mais peut-être que certaines d'entre elles se reconnaîtront, en partie, dans mon vécu.

Mon endométriose n'a jamais été diagnostiquée. J'ai été réglée assez jeune (9 ans) et mes règles ont toujours été problématiques : douloureuses et abondantes. J'ai donc vécu toute ma vie de femme avec l'idée qu'avoir mal pendant ses règles était normal. Or, cette affirmation est juste jusqu'à une certaine limite. Il n'est pas non plus normal de perdre énormément de sang pendant ses règles, même si le flux varie beaucoup en fonction des femmes, l’hémorragie n'est jamais normale.

À l'approche de mes 40 ans, j'ai cumulé un certain nombre de soucis de santé (ulcères hémorragiques notamment) qui furent traités mais qui ont caché, camouflé, une maladie bien plus pernicieuse . Mes règles devenaient de plus en plus douloureuses, le flux de plus en plus important, le tout provoquant une anémie chronique morbide dont on ne trouvait jamais vraiment la cause car, vois-tu, mes autres symptômes (pertes importantes de sang, douleurs...) étaient jugés comme normaux.

Je suis passée par tout un tas d'examens qui n'ont permis aucun diagnostic, même une échographie pelvienne n’a rien révélé d’anormal. Or, mon endométriose était bel et bien là, et depuis de nombreuses années. J'ai donc passé les quatre années qui ont suivi, à souffrir. Quatre putain d'année pendant lesquelles j'ai pu découvrir le véritable visage des gens de mon quotidien, les collègues de boulot en tête de gondoles. Car si l'endométriose a de lourdes conséquences physiques, on néglige bien trop souvent son impact social et psychologique. On parle souvent de l'infertilité qu'elle provoque, et c'est une réalité. Je m'estime heureuse d'avoir réussi à enfanter une fois entre plusieurs fausses couches. Mais la détresse sociale et psychologique (comme dans toutes les maladies envahissantes) est également une réalité.

Pendant toutes ces années, je n'ai pas réussi à garder un emploi stable, faisant face, trop souvent, à l'incompréhension de mes supérieurs et collègues. Oui, il y a des jours où je ne pouvais pas aller travailler, il y a des jours où je ne pouvais même pas me lever, où la douleur était telle que j'étais obligée de monter mes escaliers à quatre pattes et où rester debout relevait du supplice. Comment enseigner face à une classe de 30 élèves dans ces conditions ? Il y a des jours où mes pertes de sang étaient si importantes, que j'étais obligée de me changer toutes les 15 minutes. Comment tenir une heure de cours sans aller aux toilettes ? Et puis est arrivé le moment où mes règles duraient... 20 jours. 20 jours de perte continue de sang avec un flux important. 20 jours de douleur sans aucun repos (même la nuit). Alors les malaises se succédaient, jusqu'à être hospitalisée d'urgence. Et puis il y avait les jours d’absence. Mais comment annoncer à son employeur qu'on ne peut pas assurer son service parce qu'on a... ses règles ? Outre le fait que je n'avais pas spécialement envie de dévoiler mon intimité, la peur et le jugement de l'autre sont encore une fois, toujours là. Alors on cherche des excuses, on invente d'autres petites maladies handicapantes pour qu'on vous foute la paix. On finit par passer pour la prof (ou l'employée) incapable qui a toujours un truc qui ne va pas, le boulet sur lequel on ne peut pas compter, celle qui n'a pas envie de bosser, celle qui n'est pas sérieuse. Et le peu de personnes a qui tu as osé te confier finissent par te dire que tu en fais trop, tu as juste tes règles, fais pas chier. JUSTE mes règles. Ne cherche pas à comprendre, c'est tellement plus facile.

Heureusement, j'ai un mari aimant et compréhensif. Parce que notre vie intime est également fortement impactée par la maladie. Les pertes de sang continues et la douleur ne nous permettent pas de vivre une sexualité épanouie, c'est important de le souligner. Parce que oui, l'intégralité de mon intimité n'était que douleur trois semaines sur quatre. L'idée même d'être touchée m'était insupportable. Je me sentais sale (merci les religions, hein, je ne vous aime définitivement pas), je sentais le sang, j'avais mal, alors tu penses bien que le sexe était à des années-lumières de mes principales préoccupations.

J'ai fini par détester mon corps. Vraiment. Viscéralement. Il était source de tous mes malheurs, de tous mes maux. Il me trahissait continuellement, je ne pouvais plus compter sur lui. Me réconcilier avec lui m'a pris du temps, lui pardonner aussi. Je ne m'étale donc pas sur mon estime de moi réduite à néant par mes échecs professionnels et la manière dont j'ai été traitée, je pense que tu as compris tout seul qu'il est difficile de garder confiance dans de telles conditions.

La libération est arrivée grâce à mon gynécologue qui, me voyant au bout du bout, m'a proposé l'hystérectomie. Une dernière échographie a enfin révélé un certain nombre de fibromes utérins justifiant l'intervention. J'ai été opérée le 27 février par voie basse. On m'a enlevé mon utérus et mes trompes qui étaient dans un sale état. Fort heureusement, mes ovaires étaient encore potables, on les a laissés tranquilles et je ne suis donc pas ménopausée. Et c'est en voyant l'état de mon utérus (et la biopsie qui a suivi) que le diagnostic de l'endométriose a enfin été posé.

Ce fut douloureux (encore). Il m'a fallu du temps pour récupérer. Beaucoup. Mais maintenant je n'ai plus mal, je ne perds plus de sang et je suis, enfin, en pleine forme. J'ai repris en main mon corps, mon intimité, je suis enfin libérée. Si j'ai finalement pu bénéficier d'une chirurgie définitive, je reste persuadée que si j'avais été écoutée, entendue comme il aurait fallu, on aurait pu m'éviter ces années de galère et de douleur qui m'ont, j'ose l'avouer, pas mal détruite.

Mais j'ai dorénavant envie de me tourner vers l'avenir et de profiter de cette nouvelle sensation, celle d'être en forme et de ne plus ressentir aucune douleur. De me sentir plus forte physiquement, mentalement. Reste plus qu'à me reconstruire professionnellement et ça, j'ai bien peur que ça demande plus de temps.

Voilà, maintenant que j'ai couché tout cela sur le papier, je me sens satisfaite et soulagée. N'hésite pas à revenir vers moi si tu as des questions. Ne reste jamais seule dans ta douleur et si personne ne t'écoute, donne de grands coups de pelles dans la face des gens, ça soulage. Je t'embrasse.