Lecteur, toi qui parcours mon blog, ma page facebook, ou qui me connaît un tout petit peu, tu sais que j'aime lire des comics et que j'aime aussi le cinéma.
Alors, quand ces deux éléments fusionnent pour donner naissance à des petits bijoux du septième art, je me dis qu'il est dommage de réduire le genre au simple cinéma de divertissement et qu'il mérite que l'on s'attarde un petit peu sur son origine, car son arrivée ne fut pas sans douleur. L’engouement du public pour les super-héros au cinéma ne date pas d'hier. Outre le fait de voir évoluer des mâles beaux comme des dieux en collant moulant, les super-héros suscitent respect et admiration mais sont également porteurs de valeurs que peu de héros de la littérature peuvent se targuer de véhiculer.
Car oui lecteur, j'ose t'avouer que j'ai appris la notion de moralité grâce à Superman, le dépassement de soi grâce à Captain America et Spider-Man m'a aidé à prendre conscience de mes responsabilités.
Ces deux formes d'art sont aussi vieilles l'une que l'autre, mais il aura fallu presque une centaine d'années pour qu'elles puissent fonctionner ensemble. Pour bien comprendre l’intérêt que suscite ces adaptations, il est important de faire un petit retour sur l'histoire de ces fameux comic books.
Il était une fois, le comic…
C'est à Richard Fenton Outcalt que nous devons le premier héros de comics avec The Yellow Kids en 1896, dans le comic strip Hogan's Alley. Seuls quelques quotidiens publiaient alors des comic strips et, à l'instar du cinéma, les bandes dessinées furent exclusivement consacrées à l'humour (d'où le terme de comics).
C'est en pleine crise économique, après le krach de 1929 que les américains, le moral en berne, ont le plus besoin de héros. Jerry Sieggel et Joe Shuster nous présentent alors pour la toute première fois Superman, dans le premier numéro d'Action Comics publié par DC Comics en 1938.
Vendu à plus d'un million d'exemplaires (ce qui est énorme pour un comic), la naissance de Superman marque le début de l'âge d'or du comic books. Ceux-ci se développent très rapidement et c'est durant la Seconde Guerre mondiale que pas moins de 400 héros voient le jour dont Batman (1939 par Bob Kane), Captain America (1941 par Jack Kirby et Joe Simon) et Wonder Woman (par William Moulton Marston en 1941).
Avec l'avènement de la télévision, la popularité du comic décline et on doit attendre les années 60 pour voir un véritable renouveau du genre, principalement grâce à Stan Lee et Jack Kirby de Marvel Comics. Stan Lee humanise ses personnages en leur attribuant de nouveaux sentiments et ce fut alors la période de création artistique la plus importante à ce jour. En quelques années, Marvel prend la tête de l’industrie du comic avec la création de nouveaux héros comme Les 4 Fantastiques (1961), Spider-Man (1962), Thor (1962), Dardevil (1964), X-Men (1963), Iron-Man (1963), The Avengers (1963), Hulk (1962)… Position qu'ils conservent encore à ce jour.
Avec les années et l'engouement du public pour ce genre de lecture, les graphic novels font leur apparition et certains personnages comme Batman et Dardevil se voient offrir une nouvelle jeunesse sous la plume de Frank Miller.
De nos jours, le comic et le roman graphique continuent de susciter l'intérêt du public et le cinéma n'y est pas étranger. Bon nombre de lecteurs, notamment européens, ont découvert l'univers du comic grâce au cinéma, même si son adaptation est un exercice plus que difficile... Eh oui, il y a eu du bon mais aussi du très mauvais, et c'est peu dire.
Des débuts compliqués parce que les comics, ce n’est pas sérieux !
Tu le sais aussi bien que moi lecteur, adapter un comic ou un roman au cinéma n'est pas une mince affaire. Rivaliser avec l'imagination du lecteur est un exercice que peu de réalisateurs ont réussi. Sans parler de l'éternel sentiment d'insatisfaction du fan ou de l'expert. Les blogs et sites sont envahis de commentaires du genre : « Oui mais dans la BD, ce n’est pas comme ça » Oh le scandale !! Oh le sacrilège !! Oh le… Bon ok j’arrête. Car sincèrement, tout à fait entre toi et moi lecteur, j'ai toujours considéré les adaptations cinématographiques pour ce qu'elles étaient vraiment : des interprétations toutes personnelles d'un scénariste ou d'un réalisateur. Que l'on soit en accord ou pas avec ces visions singulières, elles ont au moins le mérite d'exister.
Les aventures de nos super-héros sont passées par plusieurs médias, de la radio à la télé, avant de finir au cinéma. J'ai encore un souvenir ému de la série hyper kitchouille Wonder Woman de William Marston, diffusée de 1976 à 1979 avec Lynda Carter (première diffusion française en 1977, pffff j'étais petite, j'avais... euh... non rien.)
Ou de la série télé Batman des années 60 créée par William Dozier qui fut rediffusée dans les années 80 par Canal +. Une série très second degrés, malheureusement à l'origine du premier flop de nos Super-Héros au cinéma (film Batman de 1966, réalisé par Leslie H. Martinson ) et qui porta un coup dur à l'image du personnage. Celui-ci ne se relèvera que grâce à Tim Burton, mais ça, nous le verrons plus tard…
Il faudra attendre la forte volonté d'un producteur, Pierre Spengler, pour voir enfin sur grand écran un film digne de son héros. Malgré les fortes réticences des studios, profondément marqués par les échecs et les séries citées ci-dessus (et leur mauvaise réputation), Pierre Spengler mènera à bien son projet, mais ce ne sera pas sans forcing. Pour faire plier Hollywood, le producteur ne regarde pas à la dépense, et s'entoure de comédiens prestigieux comme Marlon Brando ou Gene Hackman ou du compositeur John Williams. Le réalisateur Richard Donner nous offre alors le premier grand film sur Superman au cinéma en 1978, avec Christopher Reeve dans le rôle-titre !
Dès sa sortie, le film remporte un immense succès dans le monde entier et cumulera près de 300 millions de dollars de recettes. Tourné dans la foulée, le second volet de Superman (réalisé par Richard Lester en 1980) rencontrera également un grand succès et ouvrira enfin les portes de Hollywood aux comics.
Mais ce n'est pas parce que les portes d'Hollywood sont ouvertes qu'elles sont facilement accessibles. Eh oui, après ces deux premiers films, la franchise s’essouffle (le troisième volet n'aura pas le succès escompté), et il faudra attendre le Batman de Tim Burton pour redonner au genre ses lettres de noblesse, en 1989. Burton réhabilite le personnage de Batman (interprété par Michael Keaton) et le second volet, encore meilleur que le premier Batman Le Défi (1991) confirmera son statut de meilleure adaptation de comic au cinéma (et la plus belle Catwoman à l'écran !)
Après, nouveau flop, les deux films suivants ne seront que de piètres parodies (Batman Forever réalisé par Joël Schumacher en 1995, avec Val Kilmer, j'ai envie de dire… gros burk ! Même punition avec Batman et Robin en 1997 et George Clooney... je n'ai même pas envie de commenter.)
Quelques films de série B tentent pourtant de se frayer un petit chemin, mais sans grand résultat au box- office comme The Punisher (1989) (meilleure adaptation du comic pour moi !), Judge Dredd (1995) ou Spawn (1997).
Ce n'est qu'en 1998 qu'une petite cellule de survie sera visible à l'écran grâce à Blade (1998) qui marquera un nouveau souffle du genre, largement confirmé par le succès du X-Men de Brian Singers en 2000. Fort heureusement pas de nouvel essoufflement depuis, car, malgré quelques films ratés et pas mal d'erreurs commises, les adaptations de comics et de romans graphiques se sont multipliées et nous ont certainement donné le meilleur cinéma de ces dix dernières années ! (Mais non lecteur, je n’exagère pas !)
Petit florilège des meilleurs films et des plus beaux mâles en collant... ou pas !
Comme tu peux le voir lecteur, il y a beaucoup à dire sur le sujet et je suis obligée de faire un choix drastique parmi les films existants pour te présenter ce qui est, pour moi, le meilleur de ce que j'ai pu voir ces 10 dernières années.
Je te parlais de la franchise X-Men plus haut, sache que le second volet fut encore meilleur que le premier ! Toujours réalisé par Brian Singer (2003) qui arrive, avec brio, à faire évoluer une douzaine de personnages sans se perdre dans le récit et surtout, sans laisser sur le carreau les néophytes. Du grand art !
Malheureusement, le troisième volet, L’Affrontement final (2006), ne sera pas à la hauteur de mes espérances, Singer ayant passé la main à Brett Rattner. La franchise perd donc de sa superbe, mais c'était sans compter sur Matthew Vaughn qui, en 2011, nous livre un X-Men first Class de grande qualité, revenant sur les origines même des personnages, et surtout sur la très belle relation entre Charles Xavier et Erik Lehnsherr, brillamment interprétés par James McAvoy et Michael Fassbender (dangereux et charismatique en futur Magneto). Le public ne s'y trompe pas et le succès est immédiat. Comme quoi, quand on fait du bon cinéma, nous sommes au rendez-vous.
Après les piètres adaptations de Batman post-Burton, je commençais sérieusement à désespérer de le voir à nouveau sur les écrans. Ce cavalier vengeur sombre et ténébreux est certainement mon héros préféré de chez DC, et il mérite donc une image à la hauteur de ce qu'il représente. Et là, le sauveur est arrivé ! Christopher Nolan, fort d'un Memento remarqué, se lance dans une trilogie absolument hallucinante revenant sur les origines et la fin du chevalier (scénarisé par Frank Miller en 1986). Batman Begins (2005), The Dark Night, le chevalier noir (2008) et enfin The Dark Night Rises (2012) font de Batman un personnage mystique et majestueux. Ancré dans un Gotham plus que réaliste et sous les traits de Christian Bale, Nolan nous donne le meilleur de ce héros - part d'ombre comprise - et pour cela, j'ai envie de lui dire un grand MERCI.
Là encore, le succès est au rendez-vous et, cerise sur le gâteau, The Dark Knight offre au très regretté Heath Ledger le rôle de sa vie (un Joker dangereux et inquiétant, qui dépasse presque celui de Jack Nicholson), preuve encore une fois que ce genre de cinéma, souvent décrié par le métier lui-même, peut permettre à des acteurs de se révéler.
Quand on parle de super-héros, il est difficile de ne pas penser à Spider-Man, et fort heureusement pour nous, c'est Sam Raimi qui a pris l’initiative de s'y intéresser de très près en 2002. Un pari fort audacieux pour ce réalisateur principalement connu pour sa série Evil Dead. Ce fut une grande réussite, et Tobey Maguire campe un Peter Parker touchant, blessé par le poids de ses responsabilités, en somme, profondément humain. Bourré de clins d’œil (dont la présence du très grand Bruce Campbell), Spider-Man est un grand spectacle tout public, mais surtout un plaisir pour les adultes qui, comme moi, ne veulent pas grandir et se réjouissent, sourire niais aux lèvres, de voir évoluer le héros de leur enfance avec tant de grâce à l'écran. Les suites seront toutes à la hauteur, Spider-Man 2 (2004) étant, pour moi, le meilleur des trois.
À côté de tous ces personnages fort connus, d'autres romans graphiques voient le jour dans nos salles obscures. Souvent moins populaires, ils ne sont pas pour autant moins intéressants et leurs adaptations ont donné lieu à de très bonnes réalisations !
C'est le cas de 300 de Frank Miller, adapté par Zack Snyder en 2007 (eh oui, tu ne savais pas lecteur que 300, au départ, était un roman graphique et pas uniquement un film où l'on bave en communion devant des mâles en jupettes ?) ou de son très sombre Sin City (réalisé en 2005) par le scénariste lui -même, Robert Rodriguez et Quentin Tarantino.
Les romans graphiques d'Alan Moore ne sont pas en reste. Bon nombre de ses œuvres furent adaptées comme La ligue des gentlemen extraordinaires en 2002, Watchmen 2009, ou, le plus réussi, pour moi, V pour Vendetta par James McTeigue en 2006.
D'autres héros d'auteurs moins connus, mais tout aussi prestigieux, font la part belle au cinéma, comme l'excellent Hellboy de Mike Mignola brillamment mis en scène à l'écran par Guillermo Del Toro en 2004 (la suite Hellboy 2 Les légions maudites dépassera même ce premier volet, nous offrant une des adaptations les plus réussies à ce jour).
Clin d’œil également au très bon Constantine de Francis Lawrence (2005), inspiré du roman graphique Hellblazer créé initialement par encore et toujours Alan Moore (et repris par divers scénaristes depuis).
Bref, comme tu peux le lire, lecteur, il y a de quoi fournir bon nombre d'articles aussi gros que La Bible, c'est pourquoi je vais devoir conclure bientôt, car je ne voudrais pas que tu t'assoupisses devant mon petit blogounet.
Mais avant cela, je suis obligée de te parler d'une série de films qui, au final, aboutiront à une apothéose signée Joss Whedon. Revenons donc à nos Vengeurs, lecteur, et laisse- moi te parler d'Iron Man. Je pense que tu peux aisément imaginer la difficulté majeure pour la réalisation d'un tel projet et c'est Jon Favreau, en 2008, qui s'y est collé.
Comment ne pas être frileux au départ ? Iron Man est un héros atypique, mais particulièrement aimé. À ma grande surprise, ce fut une véritable bombe ! Un casting génial (Robert Downey Jr est juste énorme en Tony Stark), des effets spéciaux hallucinants et un traitement profond des personnages, bref, nous voilà encore une fois embarqués dans une franchise qui est loin d'avoir dit son dernier mot. Le second volet (2010) fut tout aussi bon et un troisième est en cours de tournage.
Autre Vengeur et pas des moindres, voici le tout premier : Captain América. Toucher à un tel symbole aurait pu être suicidaire mais Joe Johnston s'en tire largement avec les honneurs car son Captain America the firts avenger (2011) est une réussite, pas tant par ses scènes d'actions qui peuvent parfois manquer de panache, mais plutôt par son approche un brin désuète du cinéma d’antan, replaçant par la même occasion le personnage dans son contexte de création (redonner le moral aux américains pendant la Seconde Guerre mondiale). La fin laisse la porte ouverte à d'autres aventures qui seront sur nos écrans tout juste l'année d'après dans The Avengers.
Il est temps maintenant de s'intéresser de très près au panthéon des dieux nordiques avec le Thor de Kenneth Branagh, qui réalise en 2011, la première adaptation du dieu du tonnerre à l'écran. Pas évident du tout de scénariser 60 ans de publications surtout que les aventures de Thor ne sont pas sans complexités. Nous pouvons donc reprocher à Branagh d'avoir fait trop vite, mais force est de reconnaître que le réalisateur a apporté un souffle Shakespearien au script, et les relations entre les personnages n'en demeurent que plus émouvantes. Mention spéciale à Tom Hiddleston qui campe un magnifique Loki, devenu depuis, le plus charismatique et le plus populaire des super-vilains.
Et pour finir, la voici la fameuse apothéose, avec un réalisateur que nous n'attendions pas du tout. Joss Whedon, principalement connu pour sa série Buffy contre les vampires, est pourtant un habitué de l'univers des comics. Pour le coup, il signe alors le plus grand film de super-héros à ce jour (non, non, lecteur, je le pense vraiment!), car le plus important au cinéma n'est-il pas de rire, de s'amuser et de s'émerveiller ? Avengers est tout ça à la fois et même plus ! Avec une habilité déconcertante, Whedon orchestre scènes d'actions, émotions et humour avec brio, sans oublier une direction artistique sans faute. Chaque personnage est magnifiquement mis en valeur, même les méchants, Loki crevant l'écran. La suite est d'ores et déjà annoncée, gageons qu'elle sera tout aussi maîtrisée.
Voilà lecteur, je ne suis pas une spécialiste des comics et du cinéma, loin de là, mais j'avais juste envie de partager avec toi mon amour de ce cinéma si particulier qui a donné tant de plaisir à beaucoup de gens et qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, ne bénéficie pas d'une bonne réputation.
Pourtant, le public aime les Super-héros. Ils apportent joie, espoir, détermination. A une époque où il est de bon ton de se gausser des valeurs héroïques, j'aime à croire que beaucoup d'entre nous laissent une place particulière dans leur cœur à ces personnages de fiction certes, mais qui ont pleinement participé à ce que je suis aujourd'hui.
Comme le disait David Mazzucchelli à propos de son Batman année 1 en collaboration avec Frank Miller : « Plus les super-héros deviennent « réalistes », moins ils sont crédibles. Mais je sais au moins ceci : les super-héros sont réels quand ils sont tracés à l'encre ».
Il en existe plus de 1000 à l'heure actuelle, et je t'assure lecteur, qu'après ma journée de labeur, éreintée par le quotidien et les éléments que je ne peux contrôler, quand survient la nuit et qu'elle me drape de son manteau sombre, je deviens l'un d'entre eux, je reprends possession de mon existence et je peux enfin réécrire l'histoire de ma vie.
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