Moi, Stéphanie (aka Elaura),
administratrice du blog Bit-lit.com,
rédactrice,
maman, sorcière, metalhead, Janeite, chieuse à plein-temps. Aime le thé et les kilts.
Ma vie, mon œuvre, mes bafouilles.






vendredi 19 octobre 2018

J’ai fait acte d’apostasie… Bye-bye l’Eglise catholique



Bonjour lecteur !

J’espère que tu te portes bien et que tu profites pleinement de cette magnifique saison d’automne. Aujourd’hui, je vais te parler d’un sujet fort personnel et plutôt sérieux. Personnel, car j’ai toujours pensé (et je le pense toujours) que la pratique religieuse et la foi relèvent de l’intimité et qu’elles ne se discutent que difficilement. La foi, par définition, c’est l’amour du sacré, de l’invisible. Un amour véritable, sincère, transcendant. Et l’amour a du mal à s’expliquer. En effet, allez savoir pourquoi ou pour quelles raisons nous aimons Dieu ou n’importe quelle autre divinité ? C’est toujours extrêmement difficile à expliquer entre croyants, alors, entre croyants et non-croyants, on va droit vers le conflit. J’ai donc pour habitude de n’en parler que très peu, voire de ne pas en parler du tout.

Mais comme l’apostasie est un acte que j’ai réfléchi très longtemps, et qui, crois-le ou pas, m’a beaucoup coûté, j’ai décidé de t’en parler. Je vais essayer de faire simple (même si le sujet est loin de l’être à mes yeux), et de t’exposer au mieux les raisons de mon renoncement.

Tout d’abord, c’est quoi l’apostasie ?

Voici la définition du Petit Larousse : « Abandon volontaire et public d'une religion, en particulier de la foi chrétienne. » En d’autres termes, c’est renoncer à sa religion, à son baptême. Les apostats, au Moyen Âge, étaient crucifiés, puis brûlés comme hérétiques en place publique. 


Je suis donc un apostat, j’ai renié mon baptême, après avoir été catholique pendant près de 43 ans.

Je suis née dans une famille catholique non pratiquante. La religion est plus traditionnelle chez nous, et ne relève pas vraiment d’une pratique. Mais ma famille est croyante (pour la plupart) et les traditions chrétiennes, catholiques, y sont respectées : les fêtes religieuses comme Pâques ou Noël, le baptême à l’Église, dans la grande majorité des cas et des mariages religieux également.

J’ai toujours entendu parler de Dieu chez moi, car mes proches sont des croyants. Il est donc tout naturel, qu’un an après ma fabuleuse naissance, j’aie été baptisée. Et puis après, plus rien. École publique, pas de catéchisme, un petit tour à l’église juste pour les occasions et basta. Mais mes parents avaient décidé de m’élever en tant que chrétienne, comme le reste de la famille.

J’ai, pendant très longtemps, très mal compris mon Église d’alors. Je me suis même fâchée contre elle à plusieurs reprises (c’était donc finalement un signe). Et puis, vers l’âge de 30 ans, j’ai eu besoin de la découvrir, ou plutôt de la redécouvrir sous un autre angle. J’avais un besoin d’élévation spirituelle, je me posais énormément de questions, j’ai donc entamé un voyage pour mieux la comprendre. J’ai cheminé avec des gens sympas, j’ai fait de belles rencontres, j’ai demandé ma confirmation, parce qu’à ce moment-là, j’en ressentais réellement le besoin. J’étais donc une catholique dévouée : je me suis mariée à l’Église, j’ai fait baptiser ma fille (et je m’en veux beaucoup maintenant), j’enseigne en lycée privée catho, bref, le catholicisme a fait partie de ma vie pendant de nombreuses années, et on peut dire que je le connais bien. De près. De l’intérieur. Et ce n’est pas toujours beau à voir. 


Pendant des années, j’ai essayé. Essayé de comprendre. Je suis du genre maniaque. Quand un sujet m’intéresse, je le décortique jusqu’au bout, j’y vais pleinement, quitte à mettre les mains dans la merde. Et je pars du principe que quand on adhère à une religion, soit on le fait jusqu’au bout, soit on ne le fait pas. Pendant toutes ces années, j’ai eu le sentiment d’être incomplète. Ce que je trouvais dans la foi catholique ne me satisfaisait pas pleinement. Cette propension à rejeter le côté sombre me rendait malade. D’autant plus quand beaucoup de croyants me renvoyaient leur hypocrisie continuellement en pleine face. J’avais beau être la plus ouverte possible, beaucoup de choses me dérangeaient et j’avais l’impression de ne pas être totalement acceptée telle que j’étais. 


Je suis quelqu’un qui a une part sombre assez prononcée. Je ne fais de mal à personne, crois-moi lecteur, je ne suis pas Dexter. Mais j’ai toujours eu une fascination pour le morbide, le dark, le fantastique. J’écoute du métal (du black métal même, oui oui, même quand j’étais encore catho).


 J’aime les monstres, les bizarreries, les ambiances inquiétantes. J’ai toujours été passionnée par les religions pré-chrétiennes et le paganisme, j'ai toujours fêté les sabbats, autant te dire que ça ne fait pas bon ménage avec les grenouilles de bénitiers. Alors oui, malgré tous mes efforts, je ne pouvais pas m’intégrer pleinement. D’autant plus que les chrétiens ont tendance à toujours amalgamer ce qui est sombre avec le malin, le diable, bref, en d’autres termes, j’étais maléfique. Rien que ça. Tu arriverais à vivre avec ça, toi, lecteur, avec cette idée qu’une grande partie de ce qui te compose est maléfique ? Bien sûr que non. 


Alors, avant de me tirer une balle ou de rendre gloire à Satan, je me suis demandé s’il n’y avait pas baleine sous gravillon (oui, j’adore cette expression). 



Travailler sur soi, c’est important. Mais ça l’est d’autant plus quand l’actualité vous aide à prendre quelques décisions. En 2015, à l’Assemblée, un débat fait rage, celui du mariage pour tous, et la violence des manifestants contre le mariage gay m’a totalement déstabilisée. Et le pire, c’est que les autorités chrétiennes les soutenaient. Je crois que c’était déjà le début de la fin. Alors pourquoi ne pas avoir agi à ce moment-là ? Je n’étais pas encore prête. Crois-moi, lecteur, renoncer à sa religion, celle de tes parents et de tes proches ancêtres, n’est pas si facile à faire. Alors j’ai fait l’autruche. Mes passages à l’église ce sont faits de plus en plus rares, mais j’essayais encore de m’accrocher aux branches, en me disant que les choses finiraient par évoluer. Jusqu’à cet été où j’ai craqué et ce, pour quatre raisons bien précises :

La première est que depuis 2015, rien n’a malheureusement changé. Je dirais même que les agressions homophobes (physiques et verbales) ce sont banalisées. Un peu comme si tous ces connards pouvaient agir en toute légitimité parce que l’Église était derrière eux. Pathétique. Aucune avancée, rien, même quand le Pape lui-même essayait maladroitement de faire quelque chose, ses détracteurs étaient encore plus forts. Je ne pourrai jamais pardonner à mon ancienne Église sa position rétrograde et en totale contradiction avec le message chrétien sur l’homosexualité, jamais. Jamais je ne pourrai lui pardonner de considérer mes ami(e)s, mes proches, la chair de ma chair, comme des êtres impurs ou comme des malades mentaux. Jamais je ne pourrai pardonner à tous ces fidèles leurs actions puantes d’homophobes, je leur souhaite bien du plaisir en Enfer, puisqu’ils pensent ne jamais y faire un tour. 


La deuxième est que l’Église catholique considère les femmes comme des esclaves. Il y a un sexisme permanent que je ne supporte plus. Et il est présent à tous les niveaux. Même les nonnes finissent par se révolter, du moins un petit peu. J’ai eu l’occasion de faire plusieurs retraites chez des moniales dominicaines, des femmes qui géraient leur domaine seules et qui, ordre contemplatif oblige, priaient et travaillaient toute la journée, sans avoir besoin de qui que ce soit… sauf pour la messe. Eh oui, il fallait qu’un prêtre ou un moine viennent officier pour que les sœurs et les fidèles puissent communier avec le Christ. Eh bien évidemment, il fallait également se farcir les homélies sexistes au passage, nous rappelant bien que le combat pour l’égalité des sexes n’était pas une priorité. Mais bien sûr, allez vous faire poudrer. Certaines de ces femmes ont des doctorats en théologie et elles se retrouvent obligées de servir les prêtres et faire le ménage. Le rôle de la servante et de la dévotion jusqu’au bout. La dévotion au Christ je peux l’entendre, servir son prochain également, mais obéir aux prêtres et leur torcher le cul, jamais. 



La troisième fut les énièmes scandales de pédophilie de cet été. Alors, la pédophilie dans l’Église, ce n’est pas nouveau, et depuis 2011, aux États-Unis mais également partout en Europe, on fait remonter des histoires et des cas (parfois plusieurs centaines… j’en tremble, rien que d’en parler), qui ont été cachés pendant des années, tout ça pour que la bonne image de l’Église ne soit pas entachée. Quel beau message chrétien que l’on fait passer là, l’image de l’Église est bien plus importante que la souffrance de centaines de gamins et d’adultes violés. Mais la France n’est bien sûr pas épargnée, on attend toujours plus que les excuses de l’archevêché de Lyon au passage, puis la condamnation aussi par la même occasion. Continuer à prier dans une Église pareille ? JAMAIS.

Et enfin, la dernière, c’est moi. Oui, moi. Moi entière, avec mon côté sombre, mon black metal et mes bizarreries. J’ai finalement compris qu’il n’y avait rien de maléfique en moi et que j’étais fatiguée d’être considérée comme le mouton noir du coin. J’ai embrassé pleinement ma partie la plus noire, et depuis que l’ombre et la lumière se sont enfin réunies, je me sens enfin MOI. Et le tout n’est définitivement plus compatible avec le catholicisme. 



Alors, pour toutes ces raisons, et peut-être d’autres encore, j’ai écrit une lettre à mon archevêché, en indiquant la date et le lieu de mon baptême, pour demander qu’il soit mentionné mon apostat sur mon acte de baptême. En voici un extrait :

« Monsieur l’Évêque, je ne souhaite plus appartenir à cette Église, et ce, pour plusieurs raisons : la première fut votre soutien aux manifestations contre le mariage pour tous qui a fortement contribué à la recrudescence de l'homophobie en France ; la violence des manifestants ainsi que celle des représentants de l’Église m'ont révoltée à plus d'un titre. Votre ingérence dans une histoire qui relève uniquement de la république, et donc du civil, m'a paru insupportable. Quel acte peu chrétien que de penser et de dire que les homosexuels ne sont pas des enfants de Dieu et iront tout droit en enfer. Quelle hypocrisie que de considérer, au mieux, que le choix d'une sexualité non hétéro relève de la psychiatrie.

J'ai attendu longtemps avant de prendre cette décision. Mon apostasie n'est pas un acte de foi, mais bel et bien un acte politique. Je ne renie pas Dieu, mais votre Église dans laquelle je ne me sens plus à ma place, pire, par laquelle je me sens perpétuellement agressée en tant que femme, en tant que citoyenne, en tant que mère, en tant que proche d'adultes qui ont été insultés, jugés, agressés à cause de leur différence.

Sachez, Monsieur l’Évêque, que je suis tout à fait consciente de mon acte, et que ce n'est pas par plaisir que je renonce à ma sépulture chrétienne, j'ai été une catholique dévouée et cette rupture m'est douloureuse autant qu'elle m'est indispensable.

Pour toutes ces raisons, je vous demande de radier mon nom ou d'apposer bien lisiblement que je renie mon baptême sur le registre et sur tout autre fichier manuscrit ou informatisé que vous détiendriez. Cette lettre fait office de décision définitive, il est donc inutile de me demander une quelconque confirmation. »

J’ai envoyé ce courrier en recommandé avec accusé de réception, accompagné d’une photocopie de ma carte d’identité.

15 jours après, j’ai reçu ce que j’attendais. Je n’ai pas hurlé de joie. Je n’étais pas ravie non plus. J’ai ressenti un immense vide, comme si des générations d’ancêtres, ainsi que mes proches, me quittaient d’un seul coup. Je me suis sentie extrêmement seule et en même temps très soulagée. Il y avait enfin de la place pour autre chose. Pour du mieux. Même si la tristesse d’avoir commis la première apostasie de la famille est encore présente aujourd’hui, même si renoncer à ma sépulture chrétienne fut très douloureux, je suis en paix avec ce que j’ai fait et je ressens un profond sentiment de liberté que je n’ai pas ressenti depuis très longtemps. Je suis enfin alignée avec mes principes, et ça, lecteur, ça n’a pas de prix. 



Voilà, j’espère que ce petit bout de moi ne fut pas trop douloureux à lire, et je te dis à bientôt pour de nouvelles aventures (plus légères hein ! on va faire plus léger la prochaine fois)


PS 1 : Si tu veux en savoir plus sur l'apostasie, tu peux consulter le site l'Apostasie pour tous
qui est un générateur de lettres ;)

PS 2 : Je tiens à préciser que ma démarche est très personnelle, elle n'appelle aucun débat particulier et je ne tiens à blesser personne. Je parle ici, uniquement de moi et de mon expérience, merci donc de le respecter.

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