La liste de mes envies
de Grégoire Delacourt
Edition : Le livre de poche
Sortie : le 29 mai 2013
Présentation de l'éditeur :
Les femmes pressentent toujours ces choses-là. Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, découvre qu’elle peut désormais s’offrir tout ce qu’elle veut, elle se pose la question : n’y a-t-il pas beaucoup plus à perdre ?
Grégoire Delacourt déroule ici une histoire forte d’amour et de hasard. Une histoire lumineuse aussi, qui nous invite à revisiter la liste de nos envies. Bientôt au cinéma, La Liste de mes envies a connu un succès international.
Mon avis :
Voici 184 pages qui risquent de ne pas vous laisser indifférent. Grégoire Delacourt est de ces écrivains qui ont le don de raconter des histoires de personnes au destin cabossé avec des mots simples mais non dénués de poésie. Ce pourrait être votre vie. Ce pourrait être la mienne.
Mais c'est celle de Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, qu'il a choisi de coucher sur le papier.
Et il lui arrive une chose extraordinaire à Jocelyne, nous en rêvons tous. Mais Jocelyne hésite, s'interroge et se demande si cela vaut vraiment la peine de tout remettre en question. Alors elle écrit la liste de ses envies...
Un roman qui parle vrai d'une vie qui n'a pas toujours trouvé le bonheur, oscillant entre tristesse et luminosité, mais dont l'amour est le principal moteur. C'est beau, touchant, et ça nous laisse comme un sentiment doux-amer qui ne vous quitte plus vraiment.
Extrait :
"On se ment toujours.
Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n'ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu'on plonge les sauver. Je n'ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J'ai un corps dont les bras d'un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n'ai pas la grâce de celles à qui l'on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J'appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L'os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable. Je sais tout ça.
Et pourtant, lorsque Jo n'est pas encore rentré, il m'arrive de monter dans notre chambre et de me planter devant le miroir de notre armoire-penderie - il faut que je lui rappelle de la fixer au mur avant qu'un de ces jours, elle ne m'écrabouille pendant ma contemplation.
Je ferme alors les yeux et je me déshabille doucement, comme personne ne m'a jamais déshabillée. J'ai chaque fois un peu froid ; je frissonne. Quand je suis tout à fait nue, j'attends un peu avant d'ouvrir les yeux. Je savoure. Je vagabonde. Je rêve. Je revois les corps émouvants alanguis dans les livres de peinture qui traînaient chez nous ; plus tard, les corps plus crus des magazines.
Puis je relève doucement mes paupières, comme au ralenti.
Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombres et je me trouve belle et je vous jure qu'à cet instant, je suis belle, très belle même."
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