Vous serez peut-être étonnés de
savoir que j'aime les films d'action. Certes, le décor ambiant ici
présent est loin de le laisser penser, ce n'est pas que les
histoires de Jane Austen manquent d'action mais disons le carrément,
les Navy Seals en sont absents.
Pourtant, je suis certaine que nos bons
marines ou soldats n'ont rien contre un fabuleux Tea Time à coup de
scones et de mini-sandwichs aux concombres. Le seul souci étant que
dans la jungle, le risque de briser le magnifique service à thé
style Régence emprunté pour l'occasion est à son apogée.
Je disais donc, j'aime les films
d'action en général et plus précisément les films de guerre. Je
ne suis pas spécialement une pro armée, et sincèrement, je ne
fantasme pas sur l'uniforme non plus, mais toujours est-il que j'aime
quand même les films de guerre. Et là je peux déjà voir ton
scepticisme lecteur, dans tes yeux ébahis (je fais souvent cet effet
là), je peux lire la question existentielle qui te taraude :
mais que diable ! Comment trouver des points communs entre Darcy
et Rambo ?
Je te rassure tout de suite, il n'y en
a aucun. La comparaison est juste là pour racoler, puisqu'il faut le
dire tout haut, le Darcy est à la mode (pas que cela me déplaise,
j'aime le Darcy).
Alors pourquoi un tel engouement pour
un genre porté par la gent masculine ? Hé bien lecteur, si tu
es perspicace et que tu as eu assez de curiosité pour fouiller mon
petit blogounet, tu auras remarqué qu'une grande place est donné à
l'urban fantasy. Celle-ci met généralement en scène des héroïnes
fortement burnées et armées qui doivent régulièrement sauver le
monde. De là à faire un lien entre films d'action et urban fantasy,
il n'y a qu'un pas. Les seules différences étant le sexe du héros
principal, l'armement (Mercy n'a pas de lance-missiles, mais je reste
persuadée qu'elle s'amuserait beaucoup avec), et le statut des
méchants, loin d'être surnaturels dans Rambo III (quoi que…).
Côté relationnel, certes, c'est là
que le bas blesse. Pas de sexe dans les films de guerre, pas de
romance non plus, mais l'émotion n'en est pas absente pour autant.
Fraternité, loyauté mais aussi cruauté sont des éléments d'une
forte intensité émotionnelle qui supplantent un temps mon besoin de
happy end et de bisous et les sensations laissées par certains films
n'en sont que plus saisissantes, car souvent plus primitives. Non je
ne jubile pas à la vue d'un homme se faisant sauter la tête, mais
ça ne me laisse pas indifférente non plus.
L’attrait pour les films de ce genre
est souvent multiple, outre le fait de voir des soldats en tenue
militaire, dégoulinant de sueur et gaulés comme des dieux, l'aspect
historique et politique que certains défendent ou condamnent est
tout à fait intéressant (et là d'un coup, c'est moins rigolo).
Les conflits armées jalonnent notre
histoire et ont façonné à bien des égards notre géographie.
Devoir de mémoire ou d'information, le film de guerre retrace
souvent des périodes agitées qui ont marqué durablement tout un
peuple, un pays, une nation. Il dénonce l'absurdité de certaines
crises ou montre du doigt des pratiques et des dérives condamnables
mais il rend aussi hommage à des hommes et des femmes qui se sont
engagés pour défendre leur pays. Et là tu te dis lecteur que ma
fibre patriotique est en train de faire surface, le regard embué et
les lèvres tremblantes. Il n'en est rien. Car être patriote n'est
pas très à la mode de nos jours et se moquer de l'armée et des
soldats est monnaie courante. C'est bien connu, la défense du
territoire, c'est pour les beaufs.
N'empêche, j'ai beaucoup de respect
pour ces hommes et ces femmes qui se sont battus en temps de guerre
(on a tous un papy ou un oncle qui a connu ou vécu la guerre de
39/45), j'ai aussi une pensée émue pour les quatre soldats qui sont
morts en début de semaine en Afghanistan. Il faut bien reconnaître
que s'engager demande du courage, allez, je te l'avoue, je suis
sensible à la notion de sacrifice (j'ai du être chevalier dans une
autre vie… ou sanglier). Voilà c'est dit, ça reste entre nous et
on en reparlera plus, quelque part tout au fond de mon petit cœur,
après autopsie et en fouillant bien… il y a une étincelle qui
s'illumine de temps en temps et qui me met la larme à l’œil quand
le The End arrive sur l'écran (le premier qui m'en parle je lui
farcis l’œil à coup d'oignons). Parce que des films de guerre, ça
peut aussi faire pleurer (sisi je t'assure).
En plus des films sérieux, déprimants
et mélodramatiques, il y aussi ceux qui sont bourrés de
testostérone et qui vous font bien marrer, nanars ou pas, avouons
qu'un bon Rambo est jubilatoire.
Bon, il est peut-être temps de passer
aux choses sérieuses ? C'est bien beau de parler de mon goût
immodéré pour la chose, mais cela ne sert à rien si je ne te la
montre pas n'est-ce-pas ? (Et là je vois ton imagination
déborder espèce de pervers.) La chose étant multiple, il était
important, pour illustrer mon argumentation, de faire des choix
drastiques. J'ai opté pour le film américain.
L'américain est
fichtrement doué pour les films d'action en général, et les films
de guerre en particulier. L'américain n'a pas peur de laisser parler
sa fibre patriotique ou de maraver son ennemi de manière bien
sanglante. L'américain est doué pour utiliser un scénario qu'aucun
français n'aurait eu même l'idée (ou le toupet) de pondre et d'en
faire un putain de grand film. Et puis visuellement parlant,
l'américain est vachement plus balaise (cet avis n'engage que moi,
bien entendu).
Parmi les films sur le sujet, il y a
plusieurs catégories : les pro américains, dégoulinants de
patriotisme et faisant pleurer dans les chaumières, ceux qui
dénoncent les failles du système et qui critiquent ouvertement (ou
pas) les actions passées ou leurs conséquences et puis les films
qui ne dénoncent rien, qui ne font pas pleurer non plus, mais qui
ont juste envie d'exploser des tripes à coup de lance-roquettes.
Comme tu peux t'en douter lecteur, les
titres sont pléthores et il m'est impossible de tous les citer ici.
Aussi, je ne vais te parler que de quelques films qui m'ont marquée
soit par leur intensité, soit par leur connerie. Toujours est-il,
qu'ils ne m'ont pas laissé indifférente.
Il
faut sauver le soldat Ryan (Steven Spielberg - 1998)
Synopsis :
Alors que les forces alliées débarquent à Omaha
Beach, Miller doit conduire son escouade derrière les lignes
ennemies pour une mission particulièrement dangereuse : trouver et
ramener sain et sauf le simple soldat James Ryan, dont les trois
frères sont morts au combat en l'espace de trois jours. Pendant que
l'escouade progresse en territoire ennemi, les hommes de Miller se
posent des questions. Faut-il risquer la vie de huit hommes pour en
sauver un seul ?
Je
parlais plus haut de scénario improbable et de putain de grand film.
En voici l'exacte illustration. Réalisé par Steven Spielberg en
1998, ce film au casting des plus alléchants est basé sur un
scénario aussi peu réaliste qu'un Die Hard (c'est dire !).
Ramener sain et sauf à sa mère un soldat (le soldat Ryan donc),
dont les trois frères aînés sont morts au combat. Il fallait oser,
Spielberg l'a fait. Combiné à un patriotisme exacerbé, il y a
quand même de quoi sourire… mais pas pour longtemps. Car le point
fort de ce film n'est pas son scénario, mais bien sa réalisation
parfaitement maîtrisée. Spielberg a importé le réalisme plutôt
coutumier des films sur le Vietnam aux films traitant de la Seconde Guerre mondiale généralement plus frileux. Extrême, violent
(l'apocalypse du début vous colle une claque et vous met KO pendant
longtemps), en même temps très touchant par son humanisme, ce film
restera un monument de cinéma, au moins pour sa fracassante première
demi-heure (à la fin j'avoue, j'ai pleuré et j'ai même pas honte).
La
ligne rouge (Terrence Malick - 1999)
Synopsis :
La bataille de Guadalcanal fut une étape clé de la
guerre du Pacifique. Marquée par des affrontements d'une violence
sans précédent, elle opposa durant de longs mois Japonais et
Américains au coeur d'un site paradisiaque, habité par de paisibles
tribus mélanésiennes. Des voix s’entrecroisent pour tenter de
dire l'horreur de la guerre, les confidences, les plaintes et les
prières se mêlent.
Quasiment la même année,
Terrence Malick sort son The Thin Red Line. Encore un casting à la
hauteur pour un film qui l'est tout autant. Cette fois-ci, la même
période est mise en scène mais côté Pacifique. La particularité
du réalisateur est de mêler des affrontements à de longues scènes
contemplatives à la plastique parfaite mais qui peuvent devenir
soporifiques à la longue. Les questionnements incessants des héros
et la profonde méditation et réflexion que le film porte est tout à
l'honneur du cinéaste, mais malheureusement, cela ne m'a pas touchée.
Toujours est-il que cet opus reste un grand film sur la peur,
l'incompréhension et le doute, d'une beauté magistrale et émouvante
(à la fin, j'étais contente, car j'allais enfin pouvoir dormir).
Mémoire
de nos pères (Clint Eastwood - 2006)
Synopsis : Au cinquième jour de la sanglante bataille d'Iwo Jima, cinq Marines et
un infirmier de la Navy hissent ensemble le drapeau américain au sommet
du Mont Suribachi, tout juste repris aux Japonais. L'image de ces hommes
unis face à l'adversité devient légendaire en l'espace de quelques
jours. Elle captive le peuple américain, las d'une guerre interminable,
et lui donne des motifs d'espérer.
Pour mettre à profit cet engouement, les trois "porte-drapeaux" sont livrés à l'admiration des foules. Leur nouvelle mission : servir leur pays en vendant les précieux Bons qui financent l'effort de guerre.
Le laconique John "Doc" Bradley, le timide Amérindien Ira Hayes et le fringant Rene Gagnon se prêtent au jeu avec un dévouement exemplaire. Ils sillonnent sans relâche le pays, serrent des milliers de mains et prononcent des allocutions. Mais, en leur for intérieur, une autre bataille se livre...
Pour mettre à profit cet engouement, les trois "porte-drapeaux" sont livrés à l'admiration des foules. Leur nouvelle mission : servir leur pays en vendant les précieux Bons qui financent l'effort de guerre.
Le laconique John "Doc" Bradley, le timide Amérindien Ira Hayes et le fringant Rene Gagnon se prêtent au jeu avec un dévouement exemplaire. Ils sillonnent sans relâche le pays, serrent des milliers de mains et prononcent des allocutions. Mais, en leur for intérieur, une autre bataille se livre...
Nous restons dans le Pacifique avec un film d'une
richesse narrative exceptionnelle (et ce n'est pas parce que je suis
une grande fan du Clint hein !). Le réalisateur aborde de manière
intime l'exploitation des valeurs américaines et ses dérives. La
souffrance de ces soldats surexposés dont le but mercantile est très
loin de leur propre préoccupation est touchante. Avec sa mise en
scène particulière, hésitante, mais toujours juste, Eastwood nous
livre un témoignage d'une grande portée émotionnelle (à la fin,
j'étais émue, parce que quand même ça le fait).
Nous quittons la Seconde Guerre mondiale pour nous propulser quelques années plus
tard (1964 /1975) pour la guerre qui a le plus traumatisé les
américains. Les films sur le Vietnam sont légions et cultes pour
beaucoup, aussi, je ne vais en retenir que deux, sinon, mon article
va être aussi long que la Bible.
Platoon (Oliver Stone - 1986)
Synopsis :
Septembre 1967: Chris Taylor, dix-neuf ans, rejoint la
compagnie Bravo du 25ème régiment d'infanterie, près de la
frontière cambodgienne. Chris, issu d'une famille bourgeoise s'est
engagé volontairement et, plein d'idéal entend bien servir son
pays. Mais la réalité est tout autre et ses illusions vont tomber
les unes après les autres. Il sera également temoin de la rivalité
sanglante qui oppose deux officiers qu'il admire. "J'ai eu
l'idée de "Platoon" en décembre 1969 à mon retour du
front. Mais personne ne voulut produire ce script "trop dur,
trop noir et deprimant".
Voici l'époque où
Oliver Stone était à l'apogée de son art. En signant ce chef
d’œuvre (vivi, je te le dis lecteur, c'est un chef d’œuvre) le
cinéaste nous jette en pleine face la cruauté d'une guerre inutile
et la dérive de ces soldats qui se battent souvent contre leurs
propres démons. Un film sombre, noir et violent aux scènes chocs
et dérangeantes mettant en exergue la folie des hommes et la toute
puissance du fameux bon prétexte du contexte de guerre. Servi par
des comédiens fortement inspirés et par une musique magistrale,
Platoon restera la grosse claque de ces 30 dernières années.
Et je
termine par cette réplique culte : « les
prétextes, c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un »
ça se passe de commentaires (à la fin, j'étais scotchée, sans
voix, car le réalisateur m'a maravé la gueule).
Voyage
au bout de l'enfer (Michel Cimino - 1979)
Synopsis :
Cinq ouvriers sidérurgistes affrontent les hauts
fourneaux d'une petite ville de Pennsylvannie et partent ensemble
chasser le cerf. Parce que c'est la guerre au Vietnam, trois d'entre
eux deviennent soldats sur le départ. Deux ans plus tard, la guerre
sévit toujours et ces derniers se retrouvent prisonniers dans un
camp vietcong...
Si tu ne dois voir
qu'un seul film sur la guerre du Vietnam lecteur, choisi cet OVNI
cinématographique grâce auquel Michael Cimino a remporté l'Oscar
du meilleur réalisateur. Pourquoi ? Et bien parce que c'est
certainement le meilleur film fait à ce jour sur la psychologie des
combattants. L'interprétation incroyable des trois acteurs
principaux en fait une œuvre majeure, puissante et incomprise. Note
spéciale pour le magnifique Christopher Walken (Oscar du meilleur
acteur dans un second rôle) et la scène de la roulette russe. Un
très grand moment de cinéma (à la fin, j'étais traumatisée).
Nous quittons le
Vietnam pour un conflit plus récent. La guerre en Irak a débuté le
20 mars 2003 avec l'invasion de l'Irak par les États-Unis (et sa
coalition) contre le parti de Sadam Hussein et s'est terminée le 18
décembre 2011 avec les retraits des troupes américaines. Une guerre
compliquée, atypique, coûteuse, impliquant principalement des
groupes d'insurgés et des membres d'Al-Quaida qui en ont fait un
conflit basé sur les attentats terroristes. Guerre préventive avant
toute chose, celle-ci a inspiré bon nombre de cinéastes plus ou
moins positivement. Mais je ne citerai ici qu'un seul film qui est
l'exact reflet pour moi de la teneur de ce conflit.
Démineurs
(Kathryn Bigelow – 2009)
Synopsis :
Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la
meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer
des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au
péril de leur vie, alors que la situation locale est encore...
explosive.
Réalisé par une
femme (vivi, je t'assure lecteur, celle qui a réalisé Point
Break avec des surfeurs beaux comme des dieux, rien que pour ça,
je l'aime), Démineurs a reçu 6 Oscars en 2010, dont celui de
meilleur film et de la meilleure réalisatrice. Autant dire que la
Dame a fait très fort sur ce coup là, puisqu'elle filme, façon
documentaire, le point de vue de trois soldats dans leur quotidien
répétitif, parsemé de temps forts où l’adrénaline est à son
paroxysme. Une tension extrême, où l'attente insupportable de la
mort ou de l'explosion devient l'atout du film. En effet, ces hommes
accros à cette activité extrême qu'est le déminage sont à des
années lumières de la figure héroïque du soldat. Nous sommes loin
de la notion de guerre juste, nous sommes face à des hommes ravagés
qui ne survivent que grâce à leur dose de risque. Un film dur, brut
de décoffrage et dérangeant (à la fin, j'ai saigné des oreilles
et j'ai enfin pu respirer).
Il y a bien sûr
des tas d'autres films et mes choix ne sont peut-être pas les tiens
lecteurs, mais je t'ai livré ici juste quelques exemples de ce qui
m'a touchée, marquée ou profondément dérangée.
Je vais clore cet
article avec un dernier film, qui ne parle pas d'un conflit en
particulier, mais plutôt des soldats et de leur activité. Ce film
est sorti aux Etats-Unis en février 2012 et n'est pas encore prévu
à l'affiche en France. Act of Valor relate les exploits d'un
groupe de Navy Seals. Bien que les situations et les personnages
soient fictifs, les techniques d'intervention elles, sont bien
réelles.
Act
of Valor (Mike McCoy et Scott Waugh – 2012)
Synopsis :
Une escouade d'élite des Navy SEAL organise une
opération secrète pour libérer un agent de la CIA kidnappé par
des terroristes...
Voilà l'exemple
même du film pro armée américaine car il n'existe que pour rendre
hommage aux forces spéciales US. Particulièrement bien documenté,
il n'en reste pas moins intéressant malgré le scénario un brin
simpliste. L’intérêt principal du film réside dans ses séquences
très réalistes et nerveuses et j'avoue, je me suis laissée entraîner très facilement.
Une réalisation bluffante avec des
acteurs inconnus, bref, un bon moment même si la fin prévisible
peut faire grincer des dents. Mais qu'importe, quand on regarde ce
genre de film, on sait à quoi s'attendre et surtout, il ne faut pas
craindre les hommages larmoyants aux soldats (hommes et femmes) qui
sont morts pour leur patrie, car après tout, c'est quand même un
peu la vérité (à la fin, j'avais envie d'une partie de Call of
Duty).
Je ne suis en rien
une spécialiste du cinéma de genre, je n'ai pas non plus envie de
rentrer dans les débats politico-chiantissimes sur la place des
forces armées dans le monde, j'avais juste envie de partager avec
toi lecteur, mon sentiment sur le sujet en espérant que je ne t'ai
pas trop saoulé.
Je conclus avec
John Rambo : « Pour survivre à la guerre, il faut devenir
la guerre » (y a pas à dire, c'est le plus beau \o/).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire