Orgueil et Préjugés
de Jane Austen
Editions : 10/18
Collection : domaine étranger
Sortie : en juillet 2010
Présentation de l'éditeur :
Élisabeth Bennet a quatre soeurs et une mère qui ne songe qu’à les marier. Quand parvient la nouvelle de l’installation à Netherfield, le domaine voisin, de Mr Bingley, célibataire et beau parti, toutes les dames des alentours sont en émoi, d’autant plus qu’il est accompagné de son ami Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits… Jane Austen peint avec ce qu’il faut d’ironie les turbulences du coeur des jeunes filles et, aujourd’hui comme hier, on s’indigne avec l’orgueilleuse Élisabeth, puis on ouvre les yeux sur les voies détournées qu’emprunte l’amour…
Mon avis :
Orgueil et Préjugés est certainement l’œuvre la plus connue de Jane Austen mais également la plus citée par les amateurs de romance historique sans forcément qu'ils l'aient lue. Admirablement adapté à l'écran par la BBC en 1995 ou par Joe Wright en 2006, ce roman est aux antipodes de la romance historique actuelle, tant par sa conception de l'amour que par le style exigeant de l'auteure qui nécessite une grande attention pour ne pas décrocher pendant sa lecture.
En effet, point de sexe ni de passion exaltée ici. Orgueil et Préjugés est le roman du sentiment qui prend place lentement, où chaque mot revêt une importance cruciale dans son évolution. Mais cela ne veut pas dire que l'amour voire même la passion en sont absents, bien au contraire, l'affection est présente derrière chaque phrase de Mr Darcy, derrière la colère et l'indignation d'Elizabeth Bennet. Elle est là, retenue, n'attendant qu'à s’épanouir au grand désarroi de nos héros, des regards échangés, un simple frôlement de main et elle est aussi vibrante que pendant les grandes démonstrations sensuelles des romans actuels.
Pour autant, la conception même du mariage et la manière dont il est traité porte bien la marque de l'époque à laquelle le roman a été écrit. Le mariage est affaire de raison et de sécurité où l'amour n'est qu'optionnel et le respect mutuel silencieusement souhaité. L'auteur en joue avec ironie et le condamne au travers du personnage très atypique de Mr Bennet, doucereusement taquin, mais dont chaque réplique affleure toute l'amertume de sa propre union :
« Mon enfant, ne me donnez pas le chagrin de vous voir dans l’impossibilité de respecter le compagnon de votre existence. Vous ne savez pas ce que c’est. »
Alors, pourquoi un tel engouement pour ce roman et par quel miracle Mr Darcy apparaît comme le héros romantique par excellence alors qu'il n'est qu’arrogance aristocratique ? Pourquoi soupirons-nous des étoiles plein les yeux et un sourire niais sur le visage en le relisant encore et encore ?
Peut-être grâce au thème qui semble toujours d'actualité dans les romans sentimentaux, celui universel de deux êtres que tout oppose et qui pourtant finissent par s'aimer. Peut-être également pour les déclarations particulières de Mr Darcy qui utilise de ces mots et forme de ces phrases qui font palpiter notre pauvre cœur ou nous font sourire à souhait : « En vain ai-je lutté. Rien n'y fait. Je ne puis réprimer mes sentiments. Laissez-moi vous dire l'ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime ».
Mais aussi la plume de l'auteur qui excelle dans l'art de la réplique qui fait mouche. Un humour toujours présent mais jamais envahissant dont chaque moment est une savoureuse bouchée. Une ironie mordante, et la capacité de dire en peu de mots ce que beaucoup s'efforceraient de dire en plusieurs pages.
Oui, tout cela fait d'Orgueil et Préjugés une lecture inoubliable. Un roman intemporel qui a traversé les siècles sans prendre une ride (bientôt 200 ans et toujours aussi fringuant !), que l'on redécouvre avec délice à chaque relecture...
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