Comme tu le sais déjà lecteur, toi qui commence à t'habituer à mes billets sur des sujets improbables, j'aime Shakespeare.
Quand je dis que j'aime Shakespeare, c'est que je l'aime vraiment d'amour, et c'est encore une fois le cinéma qui a fait de moi cette groupie hors du temps.
On pourrait croire que notre histoire d'amour, à Will et moi, ait débuté par une énième adaptation de son œuvre. Il n'en est rien. C'est en allant voir au cinéma Le cercle des poètes disparus que mon cœur s'est emballé. J'avais 15 ans, et même si je connaissais l'auteur de nom, je n'avais jusqu'alors pas compris la force de ses écrits, car le théâtre est avant tout un art qui se regarde plus qu'il ne se lit. Et là tu te dis lecteur : mais de quoi parle-t-elle ? Ce n'est pas un film sur Shakespeare ! Mais si, souviens-toi de la pièce de théâtre Le Songe d'une Nuit d'été, interprétée par Neil Perry, un des héros. Certes Shakespeare n'est pas le centre du film mais toute l'aura tragique qui l'entoure en est imprégnée. Mes pupilles se sont dilatées, mon pouls s'est accéléré et je compris enfin ce qu'était la passion. Car oui, l’œuvre de Shakespeare n'est que passion. Elle parle au cœur, à l'âme et à tes organes reproducteurs.
Dès lors, je sus que j'étais perdue. Et tant qu'à être condamnée à aimer un macchabée mort depuis des siècles, autant m'intéresser à ce qu'il m'a laissé, non ? Une frénésie de lecture s'est emparée de moi et, bien sûr, je me suis penchée sur les adaptations de l’œuvre de mon aimé. De découvertes en coups de cœur, rarement des films ne m'auront donné autant d'émotions.
Il y en a beaucoup, mais comme j'ai envie de t'en parler lecteur, et de te montrer à quel point ces films ont influencé mon existence, j'ai dû faire une sélection drastique. Tu ne seras peut-être pas toujours d'accord avec moi, mais laisse-moi le soin de t'expliquer mes choix. Aussi, pour bien faire les choses et surtout éviter que tu t'assoupisses devant mon blogounet, nous ferons les présentations en plusieurs temps, ce sujet méritant plusieurs billets ;)
Et si nous commencions notre entretien par un célèbre drame romantique ?
Mais si lecteur, tu sais de qui je parle, de Roméo et de Juliette, certainement la plus célèbre pièce de mon aimé. Il y a eu beaucoup d'adaptations comme tu peux t'en douter, mais j'ai décidé de te parler de celle d'un cinéaste qui m'a totalement retourné la tête et qui, depuis, continue à nous offrir du cinéma de grande qualité, je parle bien sûr de Baz Luhrmann.
Romeo + Juliette est apparu comme l'O.V.N.I. numéro un de cette année 1997. J'étais à l'université, en couple avec quelqu'un qui, ma foi, passait son temps à jouer au beach volley et à participer à des soirées étudiantes. Autant te dire lecteur que je me sentais bien seule.
Et puis un soir, nous sommes allés au cinéma voir ce petit film dont certains parlaient soit avec enthousiasme, soit avec une réelle envie de vomir. Il fallait bien que je me fasse ma propre opinion. Et là, la claque. Un DiCaprio divin, une réalisation nerveuse et décalée et surtout un style propre qui n'a fait que mettre en exergue la modernité du propos et son sens dramatique. J'étais subjuguée, fascinée et j'ai remercié mille fois le réalisateur pour cette œuvre improbable. Bien sûr, mon compagnon n'a fait que regretter pendant deux heures que le film fut intégralement tourné en vers... passé l'envie de lui arracher son cerveau par ses orbites, je dus prendre beaucoup de précautions pour lui expliquer qu'il était difficile d'adapter une pièce en vers autrement.
Kenneth Branagh (oui, parler de Shakespeare sans mentionner Branagh, c'est comme parler de Sookie sans Éric, de Boule sans Bill, de... bon j'arrête) nous offre, en 1993, une superbe adaptation de Beaucoup de bruit pour rien, une comédie pleine de mordant admirablement interprétée par une troupe d'acteurs de génie : Branagh lui-même évidemment, mais également Emma Thompson, Keanu Reeves ou encore Denzel Washington (comment ça ? des Ricains?). Cette petite merveille pleine de charme et pétillante à souhait fut un grand succès et, même 20 ans après, se laisse regarder avec plaisir, un sourire niais sur le visage. À consommer sans modération !
Par chance, j'étais seule quand j'ai vu pour la première fois ce film, je ne connaissais pas alors le bonheur que c'était ! (Enfin, notons tout de même que ma meilleure amie m'a regardé avec suspicion quand je l'ai retrouvé après ma séance ciné me demandant s'il y avait eu au moins un méga striptease masculin pour trouver sur mon visage une telle béatitude.)
Mais Will (oui, rappelle-toi lecteur, nous sommes intimes) est un génie dans l'art de la tragédie et des pièces qui se terminent mal. Vengeance, complots, jalousie, autant de maux dont l'humanité regorge et qui montrent le véritable visage de l'homme.
Et si je te parlais maintenant d'un prince danois terriblement dépressif ? Oui tu as bien deviné, Hamlet, chef d’œuvre dramatique à plus d'un titre, fut encore une fois admirablement adapté et interprété par Branagh himself.
Oui, parmi les nombreux films existants, j'ai choisi de te parler de celui-ci en particulier. Car rarement pièce aura été si bien adaptée. Le réalisateur a pris un risque incroyable en tournant un film de plus de 4 heures, d'une fidélité époustouflante, rajoutant même des scènes renforçant la portée dramatique de l’œuvre. Plus qu'un film, c'est une réelle performance que nous livre ici Kenneth Branagh, jetant aux oubliettes les codes hollywoodiens et faisant fi de critiques légèrement agacées.
Film pompeux pour les uns mais véritable déclaration d'amour pour les autres, Hamlet version Branagh ne laissera personne indifférent. Mais avouons tout de même que si tu n'es pas un fan de Shakespeare lecteur, tu auras besoin d'au moins deux grandes cafetières pour le regarder jusqu'au bout. J'ai pour preuve les énormes ronflements de mon mari quand il me prend l'envie de revoir le film ou son envie de suicide, au choix.
Il y a encore beaucoup d'autres pièces de Will qui ont été très bien adaptées, comme Othello par Oliver Parker, Titus Andronicus par Julie Taymor, Comme il vous plaira par l'éternel Kenneth Branagh, Le songe d'une nuit d'été par Michael Hoffman... mais j'ai peur de te faire fuir lecteur, si je te donne mon avis sur chacune d'entre elles aujourd'hui.
Et puis il y a également les long-métrages directement inspirés par les œuvres de Will sans forcément qu'il soit question d'adaptation. Mais ces films-là, feront l'objet d'un prochain billet, je te le promets.
Je clos ici ma déclaration, car ce billet en est bien une. Tu pourras certainement me prendre pour une folle lecteur, mais parler de mon amour immodéré pour ces œuvres est une véritable catharsis. Comment faire comprendre à mon entourage que je prends un plaisir fou à lire les délires d'un dépressif en vers ? À regarder les tirades énamourés et d'une sensualité très subtile d'un DiCaprio en chemise hawaïenne ?
C'est juste l'amour mon ami, l'amour avec un grand « A »...
"Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n'avez fait qu'un somme, pendant que ces visions vous apparaissaient. Ce thème faible et vain, qui ne contient pas plus qu'un songe, gentils spectateurs, ne le condamnez pas; nous ferons mieux, si vous pardonnez. Oui, foi d'honnête Puck, si nous avons la chance imméritée d'échapper aujourd'hui au sifflet du serpent, nous ferons mieux avant longtemps, ou tenez Puck pour un menteur. Sur ce, bonsoir, vous tous. Battez des mains, si nous sommes amis, et Robin réparera ses torts."
(Puck - Le songe d'une nuit d'été)
J'espère un jour tomber amoureuse de cette façon ! :D
RépondreSupprimerSuperbe chronique & belle déclaration d'Amour ♥
RépondreSupprimerMiette
Merci beaucoup les filles ;)
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